Love Goes Boom

[ceci se passe quelques courtes semaines avant l’arrivée de Zee et John à Sywhaîd.]

« On va se crasher ! Oh mon dieuuuu ! On va se crasher ! On va se crasher, n’est-ce pas qu’on va se crasher ?!! »

Zee tourna un regard ennuyé vers l’homme qui hurlait à l’entrée du cockpit. Elle était assise sur le siège du co-pilote, lisant les données des instruments à son mari, une carte dépliée sur les genoux, pour essayer de voir un peu à quel endroit ils pourraient tenter un aterrissage d’urgence, et n’avait pas vraiment besoin qu’un de leurs passagers se mette à jouer aux hystériques de service.

« Alan, retournez à votre siège. »

N’importe qui, en entendant cette grande femme magnifique parler sur ce ton naturellement autoritaire, se serait sûrement exécuté avant même d’avoir eu le temps d’y penser. Seulement, l’Alan en question avait vécu un peu trop de choses ayant mis ses nerfs à dure épreuve ces dernières heures, et il semblait être passé en mode panique totale.

« Oh va se crasher ! ON VA TOUS MOURIR ! »

Sans même tourner un regard vers son mari, même si elle n’était pas pilote et n’avait appris son rôle de co-pilote que sur le tas, Zee n’était pas complètement stupide, elle savait que John avait besoin de concentration pour les sortir de cette panade, elle avala rapidement les quelques courts mètres qui la séparaient du bout opposé du petit cockpit, se retrouvant ainsi juste devant Alan.

« Retournez à votre siège. » répéta-t-elle, sans y ajouter de note de compassion ou de compréhension, les gens qui perdaient leur sang froid au pire moment, désolée, ça la gonflait carrément.

« ON VA TOU… »

Alan n’eut jamais le loisir de finir sa phrase. D’un mouvement rapide et précis, elle l’assomma d’un coup de poing (dans lequel elle tenait la crosse de son flingue, afin d’ajouter au poids du coup). L’homme s’effondra, manquant de quelques centimètres (risque calculé par Zee) les caisses qu’ils transportaient, en plus des voyageurs.

« Jerry ? »

L’un des mercenaires avec qui ils travaillaient très souvent, surtout quand ils avaient le choix de leurs équipes et que le job était en Afrique, arriva et grogna.

« Je déteste les missions de sauvetage. »

Elle lui fit un simple signe de tête, faisant bouger sa masse impressionnante de cheveux bouclés, attachés grâce à une simple barrette derrière sa tête, et il traina leur contrat jusqu’à son siège. Une fois retournée à sa place de copilote, la magnifique irlandaise se tourna vers son mari, et lui demanda, sur un ton de conversation normale :

« On va encore s’écraser ? »

John se mordait les lèvres pour ne pas rire ; il aurait gentiment demandé à Alan de la fermer, effectivement, vu qu'il avait quand même un tout petit besoin de concentration, là. Mais sans lui jeter un coup d'œil (même raison, hein), il savait très bien la tête que devait lui faire sa douce Zeynep. L'entendre parler, avec ce calme qui la quittait si peu, c'était à hurler de rire, avec le même plaisir enfantin que lorsqu'on sent venir le gag à grandes enjambées. Et ça ne loupa pas. Sbam. Sweet dreams, Alan.

Notre pilote sourit largement, d'un sourire ravi et apparemment très détendu, qui cadrait assez peu avec la sueur qui collait quelques-unes de ses mèches de cheveux blondes sur son front. Comme pour lui reprocher cette manifestation de joie intempestive en une circonstance aussi critique, le SWS l'avertit par une petite lumière rouge au clignotement fébrile que l'avion s'approchait dangereusement de l'angle d'incidence maximum avant décrochage. Il tenta une vrille négative, tout en sifflotant le refrain de "it's the end of the world". Et lorsque son épouse manifesta sa confiance en son art infaillible du pilotage, tout en manœuvrant avec toute l'habileté dont il était capable, il répliqua joyeusement :

"Nous écraser ? Allons allons ! Un pilote de ma classe ! J'veux bien mourir brûlé vif dans un accident d'avion si j'réussis pas à nous sort..."

Mais il fut alors interrompu ; en dépit de ses efforts, l'avion décrocha brusquement, plongeant dans le vide.

"Youhouuuu !!" lança John, tout en poussant sur le manche pour retrouver un angle d'incidence inférieur à l'incidence de décrochage ; l'avion piqua légèrement, ce qui lui fit retrouver de la vitesse. John tira doucement pour redresser la trajectoire, et cabrer à nouveau. Ils avaient retrouvé une stabilité relative, mais perdu encore quelques mètres ; les frondaisons des arbres se rapprochaient dangereusement.

"Bon ceci dit, mamour, ça m'arrangerait beaucoup qu'tu m'annonces que tu m'as trouvé une petite piste d'atterrissage confortable planquée dans c'merdier... ou un porte-avions, à la rigueur ; je suis pas difficile."

Il se cramponna un peu plus fermement au manche, qui avait recommencé à vibrer dangereusement.

Quand l’avion décrocha, Zee se contenta de s’accrocher juste assez à son siège pour ne pas tomber, un simple sourcil relevé en réaction à ce décrochage. Dire qu’elle avait eu le mal de l’air ! Les premières fois qu’elle avait pris l’avion, elle avait été malade comme un chien, et plutôt flippée. Ses formateurs au centre plus ou moins militaire où l’IRA l’avait envoyée avec Ewan avaient d’ailleurs fini par prendre ce problème en main. Plutôt étrange, en tant que membre de l’IRA, elle n’avait jamais eu vraiment à prendre l’avion. N’empêche qu’ils s’étaient bien amusés à l’envoyer dans un avion de chasse, à faire des loopings et des tas d’autres choses horribles, accélération, décélération, loopings, virages… Tout ça à des vitesses de folie. Au moins, après trois ou quatre séances de ce genre, son mal de l’air s’était pas mal calmé. A présent, elle était aussi à l’aise dans un avion que sur la terre ferme. Quant à la peur… Zeneyp Arbuthnott ne connaissait pas la peur. Surtout pas dans l’avion de son mari.

« D’après la carte, si on continue dans cette direction, on devrait voir apparaître un champ. Terrain privé. Donc possiblement cultivé. »

Elle observa la carte un petit instant de plus, concentrée, et ajouta après un bref calcul :

« Il manque deux mètres au champ pour avoir la bonne taille pour un atterrissage classique. Mais c’est tout ce qu’on a. »

Elle vérifia une dernière fois les informations de la carte, on lui avait appris à être méthodique, et elle n’était pas du genre à perdre ses habitudes à cause d’une situation dangereuse, c’était ce qui lui avait sauvé la vie à des dizaines, des centaines de reprises. Et pas seulement à elle d’ailleurs. Elle replia rapidement la carte et la déposa dans l’un des rangements de son siège, dans un avion de ce genre, on ne pouvait pas se permettre de perdre de la place, et John pouvait être plutôt maniaque quand il s’y mettait.

Soudain, un bruit étrange se répercuta dans la carlingue et Zee regarda dehors.

« Higher would be better. » dit-elle simplement.

Oh n’allez pas croire que Zee était complètement insensible. Seulement, elle faisait totalement confiance à son pilote de mari, il les avait sortis de situations plus difficiles que ça. Et puis, de toute façon, ça n’avait jamais été son genre de paniquer pour un oui ou pour un non, ça ne servait à rien. Elle se pencha sur les instruments, tirant d’eux quelques informations qui n’étaient pas géniales, à vrai dire. Mais John arrivait à forcer son avion à faire des choses qui semblaient impossibles quand on n’était pas aussi bon pilote que lui. Ils s’en sortiraient.

« Hon’? Est-ce que tu pourrais essayer de ne pas nous tuer tout de suite ? J’ai quelque chose à te dire et j’aimerais qu’on soit entiers pour pouvoir en profiter… »

Oui, bon, okay, parler de sa grossesse, découverte deux jours plus tôt, à ce moment précis n’était pas forcément la chose la plus raisonnable. Mais malgré ses airs froids et calculateurs, Zee était loin d’être quelqu’un d’aussi cérébral qu’on aurait pu le penser. Et même si elle avait confiance en John, une partie d’elle ne pouvait s’empêcher de penser, que si jamais elle ne s’en sortait pas cette fois, ce bébé n’aurait jamais existé que pour elle.

"Pas d'panique, pas d'panique, les enfants, c'est just' un bout d'tôle du stabilisateur qui s'est fait la malle !" s'exclama joyeusement John lorsque l'étrange et inquiétant bruit de métal se fit entendre quelque part à l'arrière de l'avion. Le ton avait effectivement tout pour rassurer l'équipage, mais comme c'était le ton habituel de John, le même qu'il aurait probablement employé pour leur annoncer que, malgré ses efforts, oups, ils allaient tous mourir, il y avait tout de même de quoi ne pas être rassuré. Une bonne chose, que ce grand émotif d'Alan fasse dodo.

John n'était pas mécontent d'avoir un champ à disposition, fût-il un peu court. Comme on disait toujours, chez les pilotes, mieux vaut un atterrissage réussi sur une mauvaise piste qu'un atterrissage raté sur une piste de luxe. Ça tombait bien, dans les lieux qu'il fréquentait généralement, John en rencontrait rarement de cette dernière catégorie. Il n'y avait plus qu'à espérer que le propriétaire du champ en question ne cultivait pas les baobabs. Et qu'ils réussiraient à se maintenir en l'air jusque là. L'altimètre était depuis belle lurette dans les choux. John tapota du bout du doigt la jauge de carburant, mais l'aiguille ne remonta pas comme par magie. Il se mit à chantonner.

"Mayday, Tuesday, Day after day life slips aw... pardon chérie, tu voulais m'parler... hem, je peux t'accorder... deux minutes trente, garanties."

Une série de tremblements secoua à nouveau la carlingue.

"Autant pour moi, deux minutes dix. C'est une bonne nouvelle, au moins ?"

« Si on survit au-delà de ces deux minutes dix, oui. » répondit calmement Zee.

Oh Zeneyp Arbuthnott, avait de l’humour. Quelques-unes des personnes qui avaient travaillé avec elle avaient tendance à dire qu’elle n’était rien de plus qu’une stone cold bitch, mais qu’elle faisait un boulot du tonnerre. C’était qu’ils ne la connaissaient pas bien. N’importe qui ayant passé quelques temps avec elle, hors du boulot, pouvait se rendre compte qu’en réalité, Zee n’était pas si « stone cold » que ça. Elle avait de l’humour. Elle savait être tendre, surtout avec son mari. Elle était passionnée. Elle était tout à fait capable de raconter une histoire et de captiver un auditoire, surtout une de ses war stories, issues de l’époque où elle était dans l’IRA. Et elle faisait souvent de l’humour, sauf qu’elle le faisait en général dans des moments où la plupart des gens était incapable de se rendre compte qu’elle en faisait, vu qu’ils étaient juste trop paniqués pour comprendre quoi que ce soit.

Elle laissa passer quelques secondes, parce que son mari avait besoin de concentration pour passer une nouvelle barrière d’arbres un peu trop hauts. Derrière, elle entendit Alan marmonner. Il était tellement secoué par l’avion qu’il commençait déjà à se réveiller, alors que Zee l’avait bien assommé. Elle espéra qu’il ne se réveillerait pas dans les deux minutes, ou que Jerry l’assommerait de nouveau, tant qu’à faire. Les missions de sauvetage étaient souvent pleines d’inconvénients, le principal étant qu’en général ils devaient sauver des gens qui n’étaient pas capables de se sauver tous seuls… Et qui donc n’étaient pas capables de grand-chose. Comme ce foutu Alan, commercial pour elle-ne-savait-quelle-compagnie. Qui s’était fait prendre en otage parce qu’il n’avait même pas été capable d’avoir une bonne sécurité quand il bossait dans un pays qui n’était pas aussi « civilisé » que celui d’où il venait. Le genre de conneries qui faisaient que Zee ne pourrait pas le respecter. Mais qui, au moins, filait du boulot au couple Arbuthnott, même si pour le coup ils risquaient d’en crever si John n’arrivait pas à négocier l’atterrissage.

« On va avoir un bébé. »

Le dire était… étrange. Même pour quelqu’un d’aussi terre à terre que Zeneyp Arbuthnott (oui je ne me lasse pas de l’écrire), ça restait une sorte de magie. Une façon de rendre ce futur bébé réel. Il existait à présent. A présent qu’elle l’avait dit à haute voix, ce bébé existait, d’une certaine façon, ils étaient déjà parents. Elle était heureuse, mais elle était aussi un peu paniquée, et ça n’avait aucun rapport avec l’atterrissage. Ils allaient avoir une autre vie qui dépendrait d’eux. Ils allaient devoir totalement changer de vie, personne ne pouvait élever un enfant dans le monde qu’ils s’étaient créés. Elle prit une inspiration. Et tout redevint plus clair. D’abord survivre au crash qui se préparait. Ensuite réfléchir au futur.

Pendant quelques secondes, John ne dit rien ; et l'avion lui-même ayant cessé de trembler en faisant un vilain bruit de casseroles s'entrechoquant les unes contre les autres, il plana après cette révélation dans la carlingue un silence assourdissant. A l'arrière, même si ni Zeynep ni John ne pouvaient les voir, les équipiers étaient immobiles, bouche bée, et semblant... attendre la catastrophe. Que John se mette à sauter partout, à hurler, à aller chercher une bouteille de champagne mise au frais dans un mini-frigo secret au fond de l'appareil, allez savoir, avec lui. Leurs yeux allaient du pilote à son épouse, de la guerrière à son époux.

"Eh bien ; heureusement que je ne suis pas émotif", déclara finalement ce dernier, effectivement très calme, un grand sourire radieux aux lèvres.

Mais juste après, il se pencha brutalement vers la gauche, serrant le manche et l'entraînant avec lui ; ainsi que le reste de l'avion qui, donc, pencha brutalement sur la gauche.
"Yeeeeehaaaaaaaa ! Tralalaaaaa ! Hihihihi !!" s'exclama John, exclamations auxquelles il rajouta quelques petits "Youpi lala" et autres "Cocorico" qui n'avaient rien à faire là, mais le pauvre petit avait besoin d'exprimer à sa manière son enthousiasme.

Ceci dit, il avait également eu besoin de virer brutalement à gauche, en découvrant le champ mentionné par Zeynep, et où ne poussaient, ô joie, pas des baobabs, mais d'inoffensifs plans de mil. Pourvu que la gracieuse aventurière n'annonce pas dans la fournée à son flegmatique époux qu'il s'agissait de quadruplés, ils avaient bel et bien une chance de vivre assez longtemps pour sortir le champagne. Enfin, sauf pour Zeynep, bien sûr. Soyons fous, mais responsables.

Un sourire tendre apparut sur le visage de Zee quand John exprima sa joie, après quelques secondes de flottement. Elle savait qu’il voulait une famille, même s’ils n’avaient pas jusqu’à présent décidé de quand, mais elle n’avait pas pu s’empêcher de craindre une mauvaise réaction, après tout, ça allait complètement changer leur vie, radicalement. Et tous les deux étaient attachés à leurs vies de mercenaires, d’aventuriers. John aimait voler, et il ne pourrait plus le faire pendant un moment, à cause du bébé. Zee aimait… Bon, Zee aimait le risque, se battre, monter des stratégies. A tout ça aussi elle devrait dire adieu, pour un bon moment, voire pour toujours. Sauraient-ils s’adapter à une nouvelle vie, une vie où leur famille passerait avant tout et où ils ne seraient plus Zee et John les mercenaires ? Cette question, Zee refusa de se la poser, ça viendrait plus tard, pour le moment, il fallait savourer les quelques secondes qui leur restait à vivre (quoi que, ils pouvaient survivre au-delà, mais à ce propos rien n’était sûr), et savourer le bonheur de savoir que s’ils survivaient, ils auraient un bébé, magnifique mélange de leurs deux personnes. (Et surtout ne pas trop penser au fait que mélanger un John Arbuthnott et une Zeneyp Fitzpatrick était sûrement suicidaire en matière d’héritage génétique).

Pour le moment, Zee était complètement impuissante. Comme tous les gens intelligents, elle savait le reconnaître, et n’en était même pas vraiment touchée. Après tout, elle n’était pas le pilote. Elle pouvait aider en lisant les cartes, ou même en lisant les appareils de l’avion, mais elle ne pouvait pas faire grand-chose d’autre. Pendant tout le temps où John essaya de leur sauver la vie, si possible en ne détruisant pas trop leur moyen de subsistance, elle joua donc au parfait copilote, ne parlant que pour répondre à John quand il lui demandait une mesure. Comme toujours dans ce genre de situations, ils mettaient leur couple de côté.

Après quelques secondes qui auraient pu être des heures, l’appareil s’arrêta. Ils étaient entiers, lui sûrement pas, mais ils verraient les pertes plus tard. Après un léger flottement, les passagers, Jerry le premier, poussèrent des cris de joie et Zee se détacha de son siège et se précipita sur son génie de pilote de mari pour l’embrasser fougueusement.

Le sens de l'humour de John n'allait pas jusqu'à faire basculer par terre une créature de rêve à qui venait la fantaisie de lui grimper sur les genoux pour l'embrasser. Surtout quand la créature en question se trouvait être sa femme ; et une femme enceinte du fruit de leurs amours, mais comme la vie était bien faite ! Non, John n'était pas cinglé, quoi qu'aient pu laisser paraître les quelques lignes de cet épisode haut en couleurs d'une vie dans l'ensemble pour le moins trépidante. Qui d'ici peu changerait du tout au tout, mais, pour le moment, il ne s'en souciait pas le moins du monde -il avait une très bonne excuse pour ça, ceci dit, présentement à califourchon sur ses genoux.

Mais si agréable que fût cet instant, il fallut bel et bien l'écourter. D'abord, parce que John n'était pas exhibitionniste, et n'imaginait pas s'envoyer en l'air sous les yeux de ses mercenaires. Ensuite, parce qu'ils venaient tout de même d'atterrir un peu brutalement, et qu'il valait mieux éviter qu'il n'y avait pas eu de dégât grave au point de priver Arbuthnott junior de ses parents avant même sa naissance. Comme l'expliqua diplomatiquement John à Zee, en se dégageant - à regret. Il rejoignit l'habitacle au moment même où ce cher Alan ouvrait les yeux, en se massant le crâne.

"Bonne nouvelle, vieux ! Je vais être papa !" s'exclama John d'un ton plus léger encore qu'à l'ordinaire (ce qui n'était pas peu dire). Notre pilote préféré avait vraiment l'air sur un petit nuage (oui bon, celle-là, elle était vraiment très nulle).

"Et accessoirement, vous êtes sauvé, on a réussi à passer la frontière".

Il lui tendit la main pour l'aider à se relever. Mon dieu qu'il avait l'air ahuri. Difficile de croire que ce grand ponte-ingénieur-machin devait être au moins bac + 27.

"J'dois vérifier l'état d'l'appareil ; en attendant, pourquoi n'iriez-vous pas voir si l'propriétaire du champ n'aurait pas une bouteille de champagne au frais ? Vous pouvez bien nous offrir ça, au prix où va vous rev'nir notre petite expédition, vous n'êtes plus à ça prêt, hein ?" Claque sur l'épaule. Zeynep avait rejoint à son tour l'habitacle et lui fit moins chaleureusement signe de le suivre.

Une fois que l'équipe fut effectivement partie voir à quoi ressemblaient les environs, John, demeuré près de l'appareil pour tout vérifier, et re-vérifier (il avait économisé des années pour avoir son propre vaisseau, il avait le droit d'être méticuleux), en profita pour manifester à nouveau assez bruyamment sa joie. Et même dans les semaines qui suivirent, même lorsqu'il eut tilté qu'il ne volerait bientôt plus pendant probablement quelques années, il lui arriva de pousser d'un coup un petit "youhou", histoire de marquer l'événement. Oui, dans l'ensemble, il était drôlement heureux.