[ME] [Pub] stage A : l'instinct magique

Au départ, ç'avait été un genre de joke entre Rozen et Asa ; lorsqu'il s'était agi de déterminer où aurait lieu le stage que devait animer l'étudiante en majeure, elles avaient convenu qu'il faudrait sans doute finir en extérieur, mais que, vu la vague de froid qui sévissait sur la Lande, on pouvait au moins commencer en intérieur, dans n'importe quel coin tranquille et douillet ; et si en plus on pouvait y amener à boire, ce serait nickel. Qui avait lancé "et pourquoi pas le pub ?", ça, Rozen ne s'en souvenait plus.

Toujours est-il qu'elles avaient bel et bien donné rendez-vous au pub aux quelques intéressés. Quelques raisins secs et des bières étaient déjà sur la table ; un peu d'alcool ne pouvait pas nuire au contenu du cours. Le pub était un endroit assez calme, dans l'après-midi.

Rozen ne fit pas à Asa l'offense de lui demander si tout allait bien, si elle n'était pas trop stressée, si elle ne voulait pas par hasard un petit massage ; mais quand à peu près tout le monde fut installé autour de la table, elle prit la parole.

"Bienv'nue à tous ; on est là pour parler avec Asa d'instinct magique. Dans l'cadr' de sa majeure, elle a fait une expédition et pas mal de r'cherches sur le sujet. Mais j'propose qu'on commence par décrisper l'truc, et qu'on prenn' tous la parole, pour dire un peu qui on est, et qu'on jett' quelques idées en l'air, sur l'instinct, les réflexes, tout ça."

Quel froid polaire... Il n'y avait bien que Riom pour se sentir bien par ce temps... Aina, elle, était gelée. Et, pour avoir chaud, elle avait sellé et bridé Maverik, tout en lui laissant une couverture d'hiver pour que l'andalou ne prenne pas froid. Il neigeait, mais ce n'était pas ce qui allait déranger la belle de sortir sa monture pour se rendre au pub. Par contre, hors de question de laisser l'animal dehors. Aussi, lorsqu'elle était arrivée était-elle descendue de son jeune étalon pour passer devant lui. Tous deux étaient précédés de Riom pour entrer à l'intérieur du pub. D'office, la blonde pulpeuse se dirigea vers la cheminée et s'installa près de celle-ci après avoir enlevé la selle et la bride de son cheval, sans prêter attention aux regards surpris que les autres pouvaient poser sur elle.

Bien tranquille, Maverik se coucha devant la cheminée pour avoir bien chaud, sans pour autant couper la chaleur aux autres personnes présentes dans la pièce. Sa blonde propriétaire s'installa contre lui en guise de banc, le tapis de selle sous ses fesses. C'était sans doute une situation incongrue pour nombre des personnes dans la pièce, mais fallait pas abuser non plus... Elle était irlandaise, mais, mine de rien, elle n'avait pas l'habitude de rester dehors par ce temps, et encore moins l'habitude de le faire subir à l'étalon qui venait de tourner la tête vers elle, quémandant une caresse de la part de celle-ci. Riom se coucha devant eux, comme pour monter la garde. 

Rozen prit alors la parole, pour demander à chacun de se représenter, pour la énième fois et de jeter quelques idées sur l'instinct, et sur les réflexes. Ancienne spécialiste en magie environnementale, dans la branche potion, Aina était surtout là par curiosité. Pourtant, elle fut la première à prendre la parole.

"Aina McLane, irlandaise."

Le plus exact aurait été de dire germano-irlandaise. Mais bref. Elle n'allait pas s'étendre là dessus. Au contraire, elle préféra enchaîner rapidement:

"L'instinct, les réflexes, nous permettent souvent d'échapper au danger, voire de savoir nous retrouver lorsque l'on est perdu. Regarder la position des étoiles pour trouver le nord, par exemple..."

C'était quelque chose de basique, mais c'était toujours ça de dit. Maintenant... Elle avait hâte de savoir où Rozen voulait en venir, et hâte également d'entendre Asa.

Asa n’était pas stressée. Pas même un peu. Il faut dire qu’il n’y avait aucun enjeu dans le fait d’assurer ce cours avec Rozen, elle n’avait jamais voulu être professeur et ne le voudrait jamais. Former d’autres personnes, peut-être oui, après tout durant son excursion elle avait montré quelques trucs élémentaux à Lee et elle avait trouvé ça très drôle et assez gratifiant. Mais être prof, dans le style prof à la BIPTE par exemple, non merci ! Si un jour, pour une raison ou pour une autre, elle décidait de devenir prof, ce serait plutôt prof comme Rozen, dans un coin comme Sywhaîd, sans réelle prétention. Bon, okay, elle ne se voyait même pas s’enfermer à Sywhaîd toute sa vie ou même devenir prof, même dans ce contexte, mais c’était disons la limite de la possibilité. Alors du coup, il n’y avait pas moins angoissé comme jeune prof d’un jour qu’Asa James.

D’autant plus que ça se passait au pub. Leur petit délire avait fini par prendre forme. En fait, avec Asa et Rozen, on se demandait ce qui était de l’humour et ce qui n’en était pas, quand elles étaient toutes les deux on aurait dit qu’il n’y avait plus de frontière entre « on rigole un coup » et « on prépare le prochain cours ». Asa portait un simple jean noir moulant, ses nouvelles boots (achetées après l’incident de sa combustion spontanée) et son gros pull rouge à col épais et large qu’elle portait en général en hiver, qui n’était pas assez chaud pour protéger quelqu’un de normal du froid mais qui était tout à fait suffisant pour elle. Morth quant à lui s’était installé près de la cheminée, il aimait les feu de bois et commençait déjà à somnoler quand les participants au stage arrivèrent.

Asa salua tout le monde, à part Aina. Elle fut tellement étonnée de la voir arriver avec son cheval qu’elle en oublia toute politesse. Mais à vrai dire, l’étonnement n’avait rien de comique ou de sympathique. Asa était… En fait, si elle avait été du genre à considérer que sa personne avait vraiment de l’importance, elle se serait sûrement sentie insultée. Tant par la présence du cheval que par le fait qu’Aina était allée s’installer avec lui, au lieu de venir avec les autres participants. Mais Asa ne se sentit pas insultée, elle se sentit énervée. Enervée par ce manque de respect, tant pour elle, que pour Rozen, que pour les autres participants. S’il y avait une chose qu’Asa ne supportait pas, c’était qu’on manque de respect aux autres. Déjà qu’elle n’appréciait pas beaucoup Aina, sa côte de popularité n’était pas vraiment en train de monter. Elle grogna d’ailleurs quand la jeune femme se mit à participer de son coin. Après une gorgée de bière (elle avait fait signe aux autres participants de se servir sans hésiter), elle lança :

« Ca s’rait bien si tu v’nais avec nous, Princess. J’crois pas qu’ton ch’val va s’sentir abandonné, d’jà qu’il salope le pub qu’Jeremy et Susan travaill’ tell’ment pour entr’t’nir. »

Oui, il y avait un autre manque de respect. Pour Jeremy et Susan, qui tenaient le pub et qui travaillaient comme des acharnés pour en faire un lieu agréable. Si Asa et Rozen le leur avait emprunté, ça n’était pas pour qu’un cheval vienne dans les lieux. Asa tourna ensuite la tête vers les autres participants, faisant un signe qui les encourageait à poursuivre la participation, un signe qui s’excusait de l’interuption.

Anthony appréciait particulièrement les journées comme aujourd'hui. Rien de tel qu'un ciel blanc gris uni, un temps frais voir froid et une petite brise mordante. Vraiment vivifiant. Même Bergamote avait finit par s'y habituer, sa fourrure épaisse aidant. CE jour-là donc, il portait un jean gris, une chemise à carreaux rouge et blanche sous une veste en cuir brun clair. Ses éternelles rangers faisaient crisser les feuilles mortes et les graviers sous ses pas à un rythme vif et régulier. Il était en forme et plutôt de bonne humeur ce matin.

Arrivé devant le Pub, Anthony repoussa les quelques flocons précoces de sa veste et poussa la porte, précédant ainsi Aina de quelques minutes. Soit dit en passant, le choix du lieu avait aiguisé sa curiosité, il faut bien l'avouer. Quelques minutes donc, qui lui avaient suffit pour s'installer près de Rozen, Asa et les autres participants, saluer tout le monde d'un "Hi !" collectif et commander un jus de fruit ("pas d'alcool, merci"). Quelques minutes qui lui avaient suffit pour voir débarquer Aina et… un cheval ?! Certes étant donné le lieu de rendez-vous, on pouvait s'attendre à un stage plutôt informel, mais ça restait un cours tout de même. Et puis, même s'il faisait particulièrement froid pour la saison, un canasson de cette stature pouvait bien rester dehors une heure ou deux, non ? Surtout avec une couverture sur le dos... C'est donc un froncement de sourcils qui accompagna l'arrivée de la belle irlandaise. Pourtant, Delanay s'abstint de tout commentaire. Après tout, il avait eut assez de problèmes dans sa jeunesse pour se mêler de ceux des autres maintenant.

Il écouta l'écuyère se présenter et donner son point de vue depuis la cheminée sans broncher même s'il ne voyait pas bien en quoi regarder les étoiles relevait de l'instinct. Mais bon, tout était question d'argumentation. Il décida d'enchaîner lorsqu'Asa interrompit son élan pour apostropher la "princesse". Et, malgré sa volonté de ne pas prendre parti, Tony ne put s'empêcher d'approuver silencieusement la remarque d'Asa. 'Sûr que voir un cheval entrer chez lui, ça ne lui plairait pas non plus !

Quand l'amazone en eut finit, Anthony prit la parole pour en revenir au sujet.

- Moi c'est Anthony et lui Bergamote, dit-il en désignant du menton l'écureuil gris et blanc à ses côtés.

- Pour ce qui est d'l'instinct je pense que c'est quelque chose d'inné à la base. On naît avec des prédispositions… à la Magie par exemple. Comme certains sorciers qui ont une affinité forte à un élément. Cette prédisposition leur permet de "jouer" (il mima les guillemets) avec cet élément facilement, machinalement… Sans effort.

Il haussa les épaules.

- Instinctivement.

Le pub semblait être une bonne idée, il pourrait profiter de boire une bonne bière tout en apprenant quelque chose. Elle trouvait fantastique de lier l'utile à l'agréable! La jeune Anglaise demeurait un peu en retard, car elle avait un peu trop flânait avant d'aller au lieu de rendez-vous. Elle s'était dit qu'elle pouvait profiter des couleurs automnales avant ce stage. Un sourire colgate aux lèvres, elle ouvrit la porte énergiquement.

Elle fut un peu surprise de trouver dans un pub un cheval couché près de la cheminée, elle secoua un peu la tête en simple de désapprobation. La blonde qui était assise sur le canasson semblait assez culoté et sans gêne, le genre de fille que Jane ne supportait pas. Elle savait bien qu'elle ne devait pas juger les autres d'un simple regard, mais c'était aussi tellement tentant. Puis son intention fut attirée par les autres participants, ils avaient l'air assez sympa dans l'ensemble. Elle prononça un simple bonjour collectif plein d'entrain et de bonne humeur.

Les raisins secs avaient tout de suite attiré la noiraude, elle était un peu gourmande sur les bords. Heureusement elle ne prenait pas trop de poids malgré tout ce qu'elle ingurgitait, elle avait juste des formes où il fallait. Lorsqu'elle était bien installée, elle écouta attentivement chaque intervenant et avait même ri à la réflexion d'Asa. Il ne restait plus qu'à Jane à se présenter et s'exprimer sur ce qu'elle pensait sur le thème.

-Moi c'est Jane, et la toute p'tite panthère noire qui est en fait mon chat-daemon c'est Melwin. l'instinct, je crois que c'est tout au fond d'nous, c'est cela qui nous sauve des situationa difficile. J'fais de temps en temps des camps d'survie militaire. Quant à bout d'force que t'en peux plus, c'est les réflexes et ton instinct qui t'sauve la mise.

Jeana en savait quelques choses, il y a cinq ans en arrière son père avait insisté qu'elle parte pour ses vacances à un camp de survie en Australie. Grâce à son instinct, elle avait évité de se faire bouffer par un crocodile qui la trouvait vraiment à son goût.

Il était heureux que les différents participants au stage réagissent, chacun leur tour, à la présence de Maverik à l'intérieur du pub que Jeremy avait -ô inconscience !- mis à la disposition d'Asa et Rozen pour la durée du stage. De fait, on ne pouvait pas vraiment compter sur cette dernière pour s'offusquer d'un détail comme l'entrée d'un cheval dans un pub. C'est à des petits détails comme ça qu'on repère les personnalités sensiblement irresponsables.

En fait, ce qui dérangeait un peu la soi-disant prof de magie environnementale, éminent membre du Rad, et caetera, c'était qu'Aina, depuis le flanc de son douillet canasson, était un peu en dehors de la conversation. Les personnes assises à la table formaient un groupe déjà assez solidaire, dont les membres étaient à l'écoute les uns des autres, mais Aina paraissait en dehors. Aussi est-ce d'un ton très détendu, mais ferme, que Rozen se tourna aimablement vers la pulpeuse cavalière.

"Asa a raison, viens avec nous, il fait chaud ici aussi, tu sais !"

Elle se rapprocha d'Anthony [comment ça j'en profite ??? cuicui !] pour laisser à sa droite une place à Aina sur le banc. Et, comme si de rien n'était, comme si on n'avait pas de justesse évité une guerre mondiale, Rozen reprit le cours du stage comme si de rien n'était.

"J'trouve vos idées d'jà intéressantes... parc'qu'vous n'semblez pas d'accord complèt'ment... Tony et Jane, vous m'dites que l'instinct est inné, incontrôlé ; tandis qu'Aina, toi, tu m'parles de s'repérer par rapport aux étoiles, c'qu'est plutôt quelqu'chose de réfléchi, enfin vous m'arrêtez si v'z'êtes pas d'accord. Tony, tu parles aussi de "jouer" avec un élément, mais j'n'suis pas sûre d'avoir compris si t'incluais l'instinct là-d'dans.

Alors... bon, sans tomber dans quelqu'chose de trop philosophique... j'aim'rais qu'on s'penche sur la question. Est-ce qu'vous pensez qu'on peut gérer son instinct ? Qu'c'est quelqu'chose de contrôlable ou pas ? J'parle en général... mais j'suggère qu'un' fois qu'vous aurez donné vot' point d'vue a priori, comme ça quoi, Asa nous illustr' un peu son point d'vue en nous parlant d'son expérience personnelle."

Elle sourit à l'Amazone ; c'était son stage, et les choses sérieuses commençaient, même si on en était à la partie qu'elle aimait le moins : le blabla.

[Je vous demande pour l'occasion de laisser Aina poster en premier (histoire qu'elle s'asseye à table ^^), et qu'Asa conclue. Merci !]

Dans un étrange réflexe, Aina feula lorsqu'Asa s'adressa à elle et se leva automatiquement, prête à attaquer. Pourtant, elle commença par ne pas bouger, le regard fixé sur la brune. Elle avait bien apprécié celle-ci, à leur précédente rencontre lors du stage sur le lac, mais là, c'était loin d'être le cas.

"Pour commencer, tu m'appelles pas Princesse. Ensuite, si mon cheval salope le pub, comme tu dis, je suis assez grande pour nettoyer. Je n'attends personne pour faire ça à ma place, bien au contraire. Maverik est mon cheval, et j'en suis responsable. Je sais donc pertinemment ce que je fais. Je n'ai pas attendu après toi pour ça."

Le regard de la blonde, pour un peu, aurait lancé des flammes en direction d'Asa. Elle avait toujorus eu horreur de ce surnom. Il n'y avait que Frederik qui parvenait à l'appeler ainsi sans qu'elle ne se hérisse. Riom, en tout cas, se releva à son tour, ne sachant trop s'il devait grogner ou essayer de calmer sa moitié. Il comprenait son emportement au surnom donné par Asa, mais comprenait aussi la réaction de cette dernière. Bref, ce n'était pas simple. La jeune femme était à deux doigts de quitter le pub. C'est d'ailleurs ce qu'elle s'apprêtait à faire, ayant fait relever l'étalon et ayant commencer à l'arnacher à nouveau lorsque Rozen prit la parole d'un ton qui se voulait plus calme. L'irlandaise serra les poings et continua sa besogne sans un mot tandis que Rozen continuait son discours. Oh! Elle l'écoutait, n'allez pas croire, mais elle n'était pas encore certaine de vouloir y rester, surtout vu l'accueil qui avait été réservé à Maverik. Il fallut, finalement, l'intervention de Riom pour la forcer à rester.

*Laisse béton. Je le remène à l'écurie. Ne leur fais pas ce plaisir de partir...*
*Parce que le départ de Maverik va pas leur faire plaisir, du crois?*
*Ignore-les...*

Plus facile à dire qu'à faire, pourtant Aina tendit les rènes de l'étalon à son daemon qui, tranquillement se dirigea vers la porte suivit de la monture. Porte qu'Aina ouvrit et referma avant de venir s'asseoir à côté de Rozen, donc, tout en fusillant Asa du regard. Elle se tourna ensuite vers Rozen et tacha de répondre à sa question.

"L'instinct, c'est quelque chose qui est en nous. Au plus profond de nous. Mais il y a toujours moyen de le dominer. Tout du moins, d'apprendre à l'utiliser consciemment."

Et ce fut tout. Pour elle, ils ne méritaient pas qu'elle pousse plus avant sa pensée. Elle attendit donc d'entendre la suite.

La réponse d'Aina avait étrangement plu à la demoiselle noiraude, elle appréciait les gens qui savaient se défendre. L'explication faite par la blonde, l'affaire était close pour Jane. Elle était comme ça, elle savait faire vite table rase du passé. Sauf peut-être avec sa mère, mais cela est une autre histoire. En plus, elle trouva sage que le daemon sorte du pub ce cheval qui n'y avait rien à y faire.

Jane regarda étonnée cette scène, elle était toujours impressionnée avec les personnes qui arrivaient à étirer un maximum la corde d'argent. Car elle-même, elle n'arrivait pas à se décoller de Melwin de quelques mètres, mais ce n'était pas le sujet de ce stage. Lorsque Aina finit de parler Jeana lui lança timidement un sourire, car elle avait bien apprécié à leur première rencontre.

- Je ne suis pas tout'fait d'accord avec Aina, j'admets que l'instinct et au plus profond de nous. Mais, je ne pense pas que l'on peut le contrôler consciemment.

L'Anglaise s'était exprimée d'un ton sérieux, cela lui arrivait de temps en temps de ne pas être une farfelue. Après quelques secondes de silence et quelques gorgées de bière, elle reprit.

-Par contre, je pense que l'on peut entrainer notre instinct. J'en ai fait l'expérience à des camps d'entrainements. Au début des camps militaires mon instinct pour pressentir par exemple des attaques de l'équipe adverse,. Apèrs plusieurs années d'entrainement, j'étais presque une championne. Mais je ne l'ai jamais fait consciemment. J'n'pense pas qu'c'est contrôlable.

La jeune femme balaya de son regard saphir le petit groupe, elle avait une certaine hâte de savoir ce qu'allait dire cette Asa sur l'instant. Cette femme impressionnait l'Anglaise par sa décontraction et son parlé franc.

[Va falloir que je le surveille ce Tony. Si Rozen s'y met...^^]

Anthony laissa l'histoire se tasser d'elle-même. Aina les avait rejoints, le canasson était sortit et comme aurait dit ce chez Voltaire, tout allait pour le mieux dans le meilleurs des mondes possibles. Il n'esquissa pas le moindre mouvement quand Rozen se rapprocha de lui. De toute façon il était au bout de la banquette, où serait-il allé ? Au lieu de ça, il avala une gorgée de son cocktail orange-canneberge et porta son attention sur le cours.

Il hocha la tête en guise d'approbation, signifiant à Rozen que "oui, il s'incluait dans ceux qui jouent des éléments", sans savoir s'il répondait vraiment à la question de sa voisine. Il écouta ensuite les réponses des miss présentes et ne put s'empêcher de réagir aux diverses propositions. On appelle ça le droit de parole paraît-il.

- J'suis pas cent pour cent d'accord non plus avec Aina, dit-il en croisant les bras sur la table.

Il haussa une épaule et expliqua son point de vue, portant son regard sur Aina.

- Si on apprend à utiliser l'instinct comme tu dis, si on le contrôle, alors c'est plus l'instinct.

Il se redressa et s'adossa à la banquette avant de reprendre pour tout le monde.

- L'instinct, à mon avis, c'est par essence quelqu' chose d'incontrôlable. On a l'instinct de survie ou on l'a pas par exemple, même si j'pense que tout le monde l'a un peu. On peut pas dire : "J'vais entraîner mon instinct d'survie". Ca n'a pas d'sens.

Il se tourna ensuite vers Jane pour continuer. En réalité il fallait qu'il réagisse aux propos de la jeune fille. Son ego de mâle et d'ancien militaire lui hurlaient de réagir, même si tout n'était pas infondé et faux. Même si une grande partie des propos de Jane étaient en accord avec la pensée de Tony, ce dernier se devait d'avoir le dernier mot. Parce qu'après tout, il n'avait pas seulement fait l'expérience des camps d'entraînements, il avait vécu des situations de crise. Il n'avait pas été "presque champion", il avait fait la guerre et vu des morts ! Il n'avait pas joué au petit soldat, il avait été un soldat ! Alors si quelqu'un devait parler de ça ici, ça n'était sûrement pas cette brunette ! Il savait que sa réaction était un signe de faiblesse plutôt idiot. Mais il s'estimait être mieux placé qu'elle pour en parler. En le fait de ne pas connaître Jane ne changeait rien à l'histoire. Son histoire à elle, il s'en fichait pas mal, pas complètement non plus - il n'était quand même pas un monstre d'égoïsme - mais il était persuadé que la connaître ne changerait rien à son opinion.

Sans rien laisser paraître de son débat intérieur ni de son agacement aussi puéril qu'inutile, il leva les mains en guise d'excuse, et enchaîna d'un ton neutre, incapable de garder tout ce tumulte pour lui.

- Désolé mais dans les camps dont tu parles c'est pas l'instinct qu'on t'apprend à développer, c'sont tes sens, tes réactions. On t'apprend à écouter, à faire attention à ton environnement, percevoir d'une autre façon le lieu où tu t'trouves. C'est ça les entraînements, mais c'est pas comme l'instinct. Et…

Il secoua lentement la tête.

- On est jamais champions dans des camps. Y'a pas de vainqueur, pas d'podium. C'est pas une compétition…

Il allait ajouter autre chose mais un couinement de Bergamote l'interrompit. Anthony réalisa alors qu'il se laissait emporter pour rien et le regretta immédiatement, sans même avoir formulé la suite. Inconsciemment il avait légèrement crispé les poings sous la table et, sur son regard presque jovial du matin s'était installé un voile plus sombre, à peine perceptible.

Il ajouta donc, l'air plus détaché et amical :

- Mais j'suis d'accord avec toi Jane. J'pense pas qu'on puisse contrôler l'instinct au sens propre du terme.

Il adressa un sourire doux à ses voisines, plus appuyé envers Jane. Elle ne connaissait pas son passé de soldat non plus et devait se demander pour qui il se prenait à faire des commentaires de la sorte, mais il n'avait pas envie d'en parler. Pas maintenant. Ca n'était ni le lieu, ni le moment. Aussi il reporta toute son attention sur Asa, tentant tant bien que mal de se décrisper un peu.

Si Asa ne réagit pas, ou du moins pas vraiment, quand Aina lui répondit c’est principalement pour deux raisons. Déjà parce que Morth, sur la table, gronda, non pas contre Aina mais pour contenir sa moitié. Bien sûr, le grondement d’un hérisson ça n’était pas vraiment la chose la plus impressionnante, mais c’était quelque chose qui permettait à Asa de revenir un peu sur terre. Elle fit donc tout pour se calmer, sentant déjà un afflux magique la parcourir. C’était souvent le cas depuis l’épisode de son excursion, quand elle avait frôlé l’auto-combustion. Il faudrait qu’elle en parle à Rozen mais pas tout de suite. Pour le moment, il fallait qu’elle se débrouille pour maîtriser un minimum. Elle avait sûrement l’air un peu effrayante, le regard dur et l’aura presque embrasée. Mais elle se contint. Et la voix de Rozen, qui continua son cours l’air de rien, apaisa légèrement l’Amazone qui se força à se concentrer dessus. Néanmoins, quand Aina revint et lui lança un regard noir, Asa claqua de la langue avec un sourire carnassier. Elle n’était pas du genre à se laisser impressionner, surtout pas par quelqu’un qu’elle considérait comme une fille de riche fana de poneys et de licornes. (elle était sûre qu’Aina devait avoir des posters de licornes dans sa chambre quand elle était gamine).

Elle écouta tout de même la participation d’Aina et se retint de répondre, Rozen avait demandé à ce qu’elle intervienne à la fin, elle se tut donc. Elle écouta ensuite Jane qui la calma un peu, elle n’avait rien contre la jeune femme…. Et puis, Anthony participa finalement, elle appréciait bien l’ancien Bjorn, et une fois qu’il eut parlé, elle était aussi calmée qu’elle pouvait l’être en ce moment. C'est-à-dire encore explosive mais pas non plus à la limite de la perte de contrôle. Anthony sembla s’énerver un moment et Asa réalisa qu’il y avait quelque chose d’important derrière ce qu’il disait, sans pouvoir tout à fait mettre le doigts dessus, elle ne connaissait pas Anthony assez pour ça.

« L’instinct c’t’un truc qu’on a en soi ou qu’on a pas. Ouais, j’suis d’accord, tout l’mond’ a un minimum d’instinct d’survie, mais parfois c’pas suffisant. L’instinct c’t’un truc animal… qui s’oppos’ à tout l’rest’, à tout c’qu’on apprend. Et j’suis persuadée qu’faut fair’ super attention à pas étouffer l’instinct sous la connaissanc’. J’sais qu’perso j’fais toujours gaff’ à c’niveau là, parce qu’plus j’apprends, plus j’m’entraîn’, plus j’risqu’ d’moins écouter mon instinct, d’le forcer à s’tair’. Et pour moi quand on n’écout’ plus l’instinct c’est terribl’, parc’qu’l’instinct a toujours raison, d’un’ manièr’ ou d’un’ autr’. »

Ce qu’elle racontait n’était pas tout à fait clair, elle s’en rendait bien compte, mais le blabla ça n’était pas vraiment son truc, surtout pas quand c’était elle qui devait expliquer.

« J’veux dir’… L’instinct est au-d’là d’la connaissanc’. J’veux dir’…. Quand on rencontr’ un’ personn’, on a un’ premièr’ impression. J’parl’ pas d’la premièr’ impression après avoir passé du temps avec la personn’, j’parl’ d’la vraie premièr’ impression. Celle qu’on a au bout d’genr’ trois minut’ maximum. Réfléchissez et si vous pouvez vous souv’nir d’vos vraies premièr’ impressions, vous verrez qu’ell’ étaient sûr’ment tout’ bonn’ à la bas’. »

Elle en était certaine. Evidemment, c’était pas très scientifique ou même pas très élémental comme exemple mais ça définissait plutôt bien l’importance de l’instinct pour Asa.

« Enfin bref. Pour moi, l’instinct c’est brut quoi. C’est pas contrôlabl’, pas en soi. Mais on peut travailler d’autr’ chos’ pour aiguiser l’instinct… Genr’, déjà, on peut travailler son écout’ à son instinct, apprendr’ à y fair’ toujours attention. P’tit à p’tit ça finit par donner un’ vraie plac’ à l’instinct, et pour moi c’très important. Ensuit’, on peut apprendr’ des tas d’chos’ pour qu’l’instinct fonctionn’ mieux. Par exempl’, mes connaissanc’ en Magie El’mental’ m’ont permis à plusieurs r’pris’ d’me sortir d’situations grâc’ à mon instinct, qui a genr’ utilisé mes connaissanc’ pour m’fair’ trouver un’ solution sans qu’j’aie à vraiment réfléchir. Parc’qu’souvent, quand on a vraiment b’soin d’l’instinct c’qu’on n’a pas l’temps d’réfléchir. »

Elle prit une gorgée de la boisson qu’elle avait devant elle, sans vraiment faire attention à ce que c’était, juste pour s’humidifier un peu la gorge. Elle avait la voix rauque et n’était pas habituée à parler autant, plus elle expliquait, plus sa voix devenait rocailleuse. D’autant plus que le sujet était important pour elle et que, comme souvent, elle trouvait les limites de sa culture dans sa façon de s’exprimer. Oui, depuis Norsken elle avait appris beaucoup de vocabulaire et réussissait mieux à exprimer ce qu’elle voulait dire, mais ça n’était pas encore aussi facile pour elle que pour d’autres personnes habituées à avoir beaucoup de vocabulaire depuis très longtemps. Elle reposa son verre puis décida de passer à l’exemple.

« Par exempl’. J’ai fait un’ excursion c’t’été… Et y avait un problèm’… Bon, en gros, on s’est arrimés à un arc-en-ciel grâc’ aux flux élémentaux. L’vaisseau était stabilisé sur chaq’ élément et y a eu un problèm’ avec l’flux d’feu. On allait s’écraser alors fallait quelqu’un aill’ r’stabiliser l’vaisseau, les plots étaient sous la coqu’. »

Elle racontait ça d’une façon tout à fait naturelle, comme s’il n’y avait rien d’extraordinaire à tout ce qu’elle était en train de conter.

« Alors j’ai pas réfléchi. J’suis allée l’fair’ parc’qu’j’ai senti qu’j’pouvais. C’tait un’ sort’ d’instinct, v’voyez ? J’ai pas réfléchi du tout, j’me suis attachée, j’ai filé la cord’ à un des mecs et j’ai sauté. J’ai utilisé ma mono-dominanc’ pour r’mettr’ l’flux à sa plac’ mais j’saurais pas vous expliquer comment j’ai fait… C’tait… C’tait sur l’moment. Bien sûr, j’pens’ qu’j’ai utilisé mes connaissanc’, mais c’était pas réfléchi, c’tait total’ment instinctif, parc’qu’y avait pas l’temps d’tergiverser… Quelqu’ minut’ d’plus et… BAM ! » elle tapa du poing sur la table. « On s’écrasait ! »

Elle s’arrêta, sans réaliser que ce qu’elle disait n’était peut-être pas très compréhensible pour un non-initié. Elle n’avait pas parlé de la combustion qui avait suivie, Rozen était déjà au courant mais Asa espérait qu’elle n’en parlerait pas…

"Yes, Baby !" approuva Rozen en applaudissant. Elle connaissait déjà cette histoire, et elle en connaissait la fin ; elle savait que son élève avait failli y passer... Mais elle-même n'était pas d'une nature prudente, et après tout, Asa était là, parmi eux, encore en vie et à peu près en bonne santé, ce qui tendait à prouver qu'une fois encore, son instinct l'avait guidée au bon endroit. Rozen s'en était tenue aux recommandations minimales.

"Ce qu'Asa n'vous précise pas, c'est qu'c'tévénement a eu quelqu' répercussions sur sa p'tite personne. Not'ment concernant c'qui nous intéress' aujourd'hui, à savoir l'équilibre des éléments... Elle en subit encore un peu les r'percussions, à savoir qu'sa dominance feu est plus fort' qu'jamais. J'pens' qu'c'est un exemple intéressant... un peu extrêm', bien sûr. Mais z'êt' visiblement des baroudeurs durs à cuire'", fit-elle en jetant un coup d'oeil malicieux à Jane et Anthony, histoire qu'ils relâchent un peu la pression.

"Les expérienc' qu'on travers' modifient not' caractère, not' façon d'agir, de penser. Est-c'qu'ils modifient l'instinct lui-même... ça, j'en sais foutr'ment rien moi-mêm', c'pour ça que j'étais curieuse d'connaître votr' avis. Mais pour sûr... on peut le tromper, ou au contraire le mettr' à vif ; on peut l'faire taire ou le laisser faire... C't'un peu comme la p'tite rob'noire sexy d'vot' placard qu'vous allez porter avec tels ou tels accessoires, et selon qu'vous mettrez des stilettos léopard ou un gros pull informe, ça donn'ra pas la même chose."

Il était assez... curieux d'entendre Rozen utiliser une comparaison vestimentaire, quand elle-même semblait plutôt cantonnée aux gros pulls ; mais ça ne sembla pas gêner outre mesure la prof, qui poursuivit sur sa lancée :

"A moins qu'z'ayiez des questions, à poser à Asa ou à moi, on va passer à la suite, s'vous voulez bien."

Elle jeta un coup d'oeil amusé à Aina et à Asa, qui, en dépit de leurs petits différents, se ressemblaient au moins en ceci qu'elles n'aimaient guère rester en place, et avaient probablement hâte de passer à la pratique. Encore un peu de patience, les filles...

"J'sais pas trop quelle vision vous avez d'votre, disons, "cart' d'identité élémentaire"... enfin, d'léquilibre qu'il y a chez vous entr' les différents éléments. Comm'vous l'savez, c'st d'jà pas toujours évident d'trouver son élément dominant... C'précisément parc' que c't'équilibre est une des chos' les plus variables. Au moins temporair'ment. C'pour ça qu'c'est intéressant d'ram'ner la question d'l'instinct au domaine élémentaire : parce que modifier l'équilibre entr' les différents éléments, chez soi, c'est just'ment un des rar' moyens qu'on a d'agir... p't'êt pas sur not' instinc en tant qu'tel, mais sur un d'ses aspects.

Donc... voyons voyons. Déjà... comment vous vous définiriez, élémentair'ment parlant, j'veux dire ? Et d'aut'part... est-ce que ça vous parle, c'te notion d'instinct élémentaire ? Ca vous évoqu' quequ'chose ?"

Elle jeta un nouveau coup d'oeil à Asa ; mais c'était plus par complicité que pour la prévenir qu'elle aimait autant que cette dernière ne révèle pas d'emblée la suite encore nimbée de mystère du cours... Asa connaissait suffisamment Rozen, maintenant, pour ne pas avoir besoin de ce genre de mises en garde.

[Excusez-moi pour mon retard !! Je vous laisse deux semaines + le week end qui suit pour répondre, vu qu'on est encore dans la théorie et que donc ça devrait pas être trop complexe, encore]

La réflexion d'Anthony n'interpellait pas la demoiselle, elle était bien trop naïve sur la vie. Elle la prenait comme un jeu et cela ne plaisait pas à tout le monde. Ils ne savaient pas ce qu'ils rataient, car Jane avait compris depuis bien longtemps que de trop rester dans la réalité sans avoir la tête dans les nuages était bien mauvais pour le moral. En tout cas, cela marchait comme ça pour elle. Elle se fichait pas mal du jugement des autres et même celui de ce Tony quel aurait bien voulu le manger tout cru. Donc, elle ne se rendit même pas compte du trouble du jeune homme. Elle lui sourit impressionnée par ce soldat, elle avait toujours été fascinée par les militaires. Peut-être par ce que son propre père demeurait un militaire d'envergure. La jeune fille contrastait bien avec son paternel si sérieux et elle avec son imagination si débordante. Heureusement, ils s'aimaient plus que tout. Ils étaient du même sang, cela était le plus important à leurs yeux.

Asa restait impressionnante avec ses propos, elle imaginait bien comme une baroudeuse. S'accrocher un arc-en-ciel devait être une super expérience, elle aurait bien voulu vivre ce voyage. Et voilà que l'Amazone parlait de flux élémentaires, la noiraude était un peu perdue avec ce sujet. Elle en avait déjà entendu parler des éléments dominants lors d'un cours aussi donné par Rozen. Elle s'était décidée que pour cet hiver, elle allait se pencher sur la question pour être sûre de son élément dominant. Jane avait pourtant quelques suspicions à ce sujet.

- Alors, j'commence! J'penses qu'mon élément dominant c'est l'air. Cela m'étonnerait pas car je suis une de ses têtes en l'air. En tout cas, on m'le répète assez souvent. Elle regarda en même temps d'un air complice son daemon-chat.

- Par contre l'instinct élémentaire, ça m'parle pas du tout! J'pense que pour savoir c'qu'c'est je devrais le vivre. La théorie c'est pas trop mon truc.

Jane était restée fidèle à elle-même, sans gêne de son ignorance. Elle était là pour apprendre, même si lui demandait de paraître stupide. Elle but une gorgée de sa bière. Elle adorait cette boisson si délicieuse, surtout que sa mère lui avait toujours empêché d'en boire. Un sourire colgate aux lèvres, elle balaya toute l'assemblée de son regard saphir.

Asa comprit tout à fait le regard de Rozen, elle se contenta donc de dire, après que Jane ait donné son hypothèse :

« Comme Roz’ l’a dit, j’suis en monodominanc’ d’feu… Ca veut dir’ qu’mon affinité avec l’feu, d’un’ certain’ façon, bouff’ mes affinités avec les autr’ éléments… Donc, en gros, j’suis super pot’ avec l’feu mais pas du tout avec les autr’… J’suis presqu’ incapabl’ d’utiliser la terr’ par exempl’. »

Elle sourit. Elle n’avait pas fait cette petite explication rapide parce qu’elle considérait que ses camarades de cours étaient stupides… C’était juste que les monodominances étaient plutôt rares, voire très rare, surtout à son degré, et elle voulait donc bien expliquer le truc, surtout que ça serait sûrement intéressant d’en reparler par la suite. Mais cette fois, elle n’ajouta rien. Elle se contenta de prendre quelques cacahuètes et de les manger, ce qui fit grogner Morth. Elle leva les yeux au ciel puis lui en sorti quelques-unes pour lui aussi. Content, le daemon, qui était toujours tranquillement assis sur le bord de la table, se mit à grignoter. Il était encore plus gourmand que sa moitié.

[Court, je pense pas que j’avais grand-chose à dire sur ce coup… en plus je pouvais même pas rebondir sur Aina puisqu’elle a pas répondu encore XD]

Tony approuva les propos d’Asa. Sa vision de l’instinct coïncidait assez bien avec la sienne, car il est vrai que l’instinct prenait souvent le dessus dans les situations difficiles où l’esprit n’avait pas le temps d’analyser les données. Mais la jeune femme capta définitivement son attention lorsqu’elle lui parla de son arrimage à un arc-en-ciel. Elle lui avait vaguement parlé d’expéditions lors de son arrivée, mais il était loin d’imaginer Asa sous la coque d’un navire, rééquilibrant les flux de feu du vaisseau. Décidément, il avait encore pas mal de lacune à combler concernant le monde magique.

Impressionné, Anthony écouta Rozen reprendre la parole. Il sourit à la prof, désormais plus décontracté. Il se demandait même ce qui lui avait prit. Pourquoi ce petit coup de pression ? Bah… peu importait. Il ne comprit pas non plus l’exemple de la petite robe noire sexy. Il avait des efforts à faire en matière de mode, certes, et il en faisait, mais son placard ne regorgeait pas encore de jolies robes aguicheuses. Quand à savoir ce qu’étaient des Stilettos, Tony choisit de rester dans l’ignorance.

Il écouta Jane répondre à la question de Rozen puis suivit l’intervention d’Asa. Air peut-être, Feu assurément… Il embraya donc sur son propre cas.

- Personnellement, j’ai une forte dominance à l’élément Terre et ça depuis toujours. On m’a souvent répété qu’la Terre permettait de lier les autres éléments. Enfin, pas vraiment de les lier, mais disons qu’c’est plus facile d’utiliser les autres éléments quand on a une dominance Terre.

Il chercha du regard l’approbation de Rozen puis continua.

- Du coup, j’ai profité de cette dominance pour travailler mon affinité aux trois autres éléments. J’ai pas mal progressé à force d’entraînement mais quand il s’agit d’utiliser un élément c’est toujours la Terre qui m’vient en premier. C’est devenu naturel. Et, pour revenir sur ce qu’a dit Rozen tout à l’heure, c’est vrai qu’on peut tromper notre instinct. Par exemple, j’ai un tatouage élémentaire. J’ai toujours cru qu’il servait à mieux voir les flux externes en général alors qu’en fait c’est un tatouage qui amplifie ma dominance à la Terre. Mais comme mon esprit était resté sur ma première idée, j’ai en quelque sorte bridé l’action première du tatouage. C’est pas forcément en rapport avec l’instinct mais si j’avais su dès le départ de quoi il s’agissait, j’aurais utilisé autrement son action et mon affinité à la Terre serait aujourd’hui plus forte encore qu’elle ne l’est.

Il était conscient de s’éloigner un peu du sujet mais ça faisait partie de sa « carte d’identité magique », non ?

Jane n'aimait pas la théorie. Asa non plus : même si l'amazone ne l'avait pas précisé, Rozen le savait bien. Quant à Anthony... well, un type qui passe le pas et se fait faire un tatouage magique, un beau bûcheron solide et bien bâti... Eh bien, quoi qu'il en soit, avec pareille équipe, Rozen se sentait impatiente, elle aussi, de passer aux choses sérieuses ; Aina eut à peine le temps d'indiquer sa propre dominance (le feu), que l'impatient professeur enchaîna tout de go :

"Bon ! J'vois qu'vous avez tous une assez bonn' idée d'la question... Tant mieux ! Parc'qu'linstinct magiqu' n'a pas forcément d'rapport avec vot'dominance, en fait. D'sons qu'au niveau d'linstinct, curieus'ment, c'pas forcément vot' élément d'base qui va r'sortir à chaqu'coup. Ca varie assez facil'ment, selon plein d'critères : c'que vous avez mangé, l'endroit où vous êt', c'que vous portez... pis, surtout, vot' humeur. Donc c'relativ'ment facile de modifier l'instinct élémentaire, avec un peu d'pratique. Après, bien sûr, quelqu'un comm' Asa, sa dom'nance est tell'ment forte que bon, souvent son instinct élémentaire s'ra l'feu. Pareil, Tony, comm' t'as un tatouage, ta dom'nance est plus fort'ment inscrite... Mais comm' z'êtes spécialistes, ça tomb' bien, hein ?"

Rozen eut un petit rire, puis se leva de table.

"Allez, suivez-moi ; laissez vos affaires à l'intérieur, s'vous voulez", fit-elle avant de se rendre compte qu'en l'occurrence, un cheval pouvait être compris dans les "affaires" en question. Mais ça ne sembla pas la traumatiser. Haussant les épaules, elle sortit du pub.

A l'entrée se trouvaient deux gros sacs ; elle ouvrit le premier, qui contenait... des sacs ; ou l'équivalent de gros sacs à pommes de terre en toile de jute, mais découpés à des endroits stratégiques.

"Allez les loulous, enfilez vos t'nues d'scène ; on va éviter d'saloper vos affaires."

Tandis que les étudiants se distribuaient les sacs, et les enfilaient comme des tuniques, Rozen déballait délicatement le contenu de l'autre sac ; plus petit, il était rempli de petites billes de couleur, grosses comme des noisettes privées de leur coquille.

"Alors, v'là les projectil' dont on va s'servir. Ca fait pas mal, hein, c'est des billes élémentair', mais c'très fragile, des vraies coquilles d'oeuf. Chacun vot'tour, z'allez vous...recevoir ces projectiles dans la figure. Enfin... on va essayer -j'dis bien essayer- d'viser plutôt la poitrine, mais bon.

Chaqu'bille est "chargée" élémentair'ment ; ya un point d'couleur qui l'indique, sur chaque. Roug' pour l'feu, Noir pour la terre, Bleu pour l'air, Vert pour l'eau. Mais ya qu'les lanceurs qui pourront voir c'te couleur, le cobay', lui... ben y d'vra laisser faire son instinct. Pis en fonction d'sa coloration élémentair' du moment, ben ya qu'une sort' de billes qui lui explos'ra pas à la tronche... S'il arrive bien s'mobiliser, bien sûr.

Donc bon, on va commencer par s'en t'nir à vot' "cart' d'identité", on va dire, en vous envoyant des bill' d'lélément opposé. On verra bien si ça march' ou si vot' instinct est polarisé vers un autre élément ; comm' j'ai dit, ça arrive assez souvent.

Prenez vot' baguette -Tony et As', 'pouvez essayer sans-, et pointez-là vers la bille, just' avec l'idée d'la r'pousser. Faut juste laisser faire. Pas chercher à contrôler ; pis se laisser surprendre. Vous ferm'rez les yeux, et les ouvrirez que quand t'entendra crier."

Rozen fit circuler quelques petites billes, que les étudiants voient de quoi elles avaient l'air. L'un d'eux en écrasa une malencontreusement, et se retrouva avec une sorte de poudre bleue dans les mains.

"C't'ait une bille d'air, ça", confirma Rozen avec un sourire. "Allez, pour la peine, tu commences. Zou, va t'mettre devant nous, un peu plus loin."

Elle se tourna vers les trois autres étudiants.

"Bon, on s'met chacun d'un côté, avec une provision d'billes ; on lanc'ra chacun son tour, aléatoir'ment, une bille, et on crie quand on la lance. Si vous savez faire, essayez d'lancer la bille avec un sort élémentaire, sinon, contentez-vous d'la j'ter. Pour l'instant, on va essayer avec c't'élément. On test'ra les autres si on voit qu'çui-là fonctionne vraiment pas."

Chacun se dirigea vers son poste. L'exercice commença ; les étudiants se succédèrent au milieu de l'arène, et se bombardèrent joyeusement.

Lorsqu'ils furent tous passé, Rozen claironna, toute en sueur :

"Bon ! Y'en a-t-y qui sont chauds pour tester avec des éléments aléatoires ?"

[Voilà la partie pratique ! J'ai répondu avec du retard, et je m'en excuse... du coup, je mêle les deux parties pratiques (Réflexe Elémentaire de Base et Réflexe Elémentaire contrôlé), mais la deuxième est facultative ; donc, vous pouvez ne faire qu'un seul message si vous voulez, deux si vous préférez, et vous pouvez vous en tenir à la première partie de l'exercice.

J'espère que vous avez compris le principe : en gros, on vous projette des petites billes, chargées d'un élément, et vous tâchez de vous défendre en mobilisant un élément, qui, dans la première partie, sera sensiblement toujours le même (à moins d'un changement sensible dans l'état d'esprit de votre perso).
Dans la deuxième partie de l'exercice, votre perso peut essayer de changer son état d'esprit, sa forme, etc. de la manière qui vous plaira, afin de modifier l'élément qu'il sollicitera.
A terme, une personne très douée serait capable de "deviner" la teneur de chaque bille qui lui arrive dessus, et de modifier son instinct en conséquence. Mais ce ne sera évidemment pas votre cas. A vous de voir en quoi votre perso sera le plus doué ("deviner" la charge de la bille, avoir des réflexes puissants, ou encore changer facilement son instinct...).

Ceci devrait vous permettre de jouer votre perso en le plongeant dans des états d'esprit variables, ce peut être vraiment intéressant. Pour ce faire, il peut essayer de penser à des souvenirs, des images particulières, faire de la méditation, que sais-je... Faites jouer votre imagination ! J'espère vraiment que ça vous plaira.

Vous avez jusqu'à une semaine avant la fin de la saison, histoire que j'aie le temps de conclure, soit jusqu'au lundi 15 décembre.

Si vous ne comprenez pas un truc, demandez-moi !

Ah ! j'oubliais ! Exceptionnellement, vous pouvez bien sûr "jouer" les autres persos du cours, juste pour indiquer éventuellement qui vous lance quelle bille.]

Quand Rozen lança le signal du départ, Anthony lui emboîta le pas. Pour le coup, il était venu les mains dans les poches et n’avait emporté avec lui que le strict nécessaire, autrement dit, sa baguette. Il n’avait donc rien à laisser au pub et ça l’arrangeait. Même s’il savait qu’à Sywhaîd il n’avait rien, il n’aimait pas plus que ça laisser ses affaires sans surveillance. C’était son petit côté parano.

Une fois dehors, Tony remonta la fermeture de sa veste. Il ne faisait pas tellement froid mais il voulais garder la chaleur du pub le plus longtemps possible, tant qu’à faire. Bergamote posa un regard curieux sur les deux gros sacs que Rozen ne tarda pas à ouvrir.

Anthony se saisit d’une des toiles de jutes et l’enfila sous les railleries de son daemon.

- J’t’ais toujours dit que t’avais l’air d’une patate.

Il escalada son humain et lui grimpa sur la tête avant d’ajouter :

- Une grosse patate même, hein mon « loulou » ?!
- C’est bon t’as fini ?
- Non… Mais je vais quand même arrêter sinon ça va encore être de ma faute si môssieur se prend une de ces jolies billes dans la poire.

L’écureuil sauta à terre d’un bond leste, pour rejoindre le deuxième sac, empli de projectiles de couleurs.

Anthony écouta les directives de Rozen. Cool, ça ressemblait pas mal au Paint-ball des non-sorciers. Il en avait fait une fois avec ses potes du régiment. Un bon souvenir cette journée. L’histoire des billes élémentaires l’intéressa et le ramena aux choses sérieuses. Il ne saisit pas immédiatement la marche à suivre mais se dit que ça viendrait dans le feu de l’action. Par contre, quand Rozen les invita, Asa et lui, à ne pas utiliser leur médium, Delanay hésita franchement. Il n’avait jamais été un super sorcier et n’avait du coup jamais osé faire de Magie sans baguette. Il la posa néanmoins sur le côté, prêt à tenter l’expérience.

- J’en connais un qui va manger d’l’élément! Souffla Gami, un brin moqueur.

Il n’obtint pour toute réponse qu’une grimace faussement énervée de Tony qui saisit la petite bille élémentaire qui circulait. Bergamote, plus curieux que jamais, sauta sur le bras d’Anthony, qui serra le poing par reflexe. La grimace faussement énervée devint alors un regard réellement courroucé tandis que la main de Tony se parait d’une jolie poudre bleue. Delanay ne put cependant s’empêcher de sourire. La vie sans Bergamote serait désespérément triste. Il se frotta les mains pour en ôter la poudre d’air et, comme il était désigné d’office, alla se placer face aux filles. A cet instant il se demanda si le combat était équitable. À un (gars) contre quatre (filles), l’affaire était peut-être risquée. Qui plus est, quatre sorcières !

Comme Rozen l’avait précisé au départ, les premières billes qu’il reçut furent des billes d’Air. Les filles le bombardèrent joyeusement (sans pitié ?). Un peu rouillé, il fit tout d’abord appel à ce qui lui venait sous la main : la Terre. Et sans médium il était un peu comme un bûcheron sans hache : désarmé. Mais il se rendit vite compte que son tatouage prenait en quelque sorte le relais. Pas de la même manière que sa baguette bien sûr, mais suffisamment pour activer sa magie. C’était plus diffus en fait, comme si ses flux sortaient de lui à travers du coton ou, enfin… bref. C’était déstabilisant.

La première bille lui éclata sur l’épaule sans qu’il réagisse. Une deuxième éclata tout aussi facilement en plein cœur. Mais Tony sentait monter l’alchimie et commençait à piger le truc. Quand la troisième lanceuse s’apprêta à le viser, il était prêt. Mais quand il vit la bille lui foncer droit dessus, entre les yeux, il créa instinctivement une sorte de champ magnétique qui ne ralentit que faiblement la bille d’Air. Tony eut à peine le temps de s’écarter pour éviter que la bille ne lui crève un œil. OK, elles voulaient jouer. Il allait leur montrer de quel bois il se chauffait.

Les billes d’Air qui suivirent ne lui éclatèrent plus au visage. Il pouvait presque les sentir les yeux fermés (mais il ne faisait pas assez confiance aux quatre filles pour fermer les yeux trop longtemps). Il se permit même d’en renvoyer une sur l’une de ses assaillantes, avant de s’en prendre une de plein fouet qu’il n’avait pas vue venir. Il commençait à avoir chaud et souriait d’un air joyeux qu’on ne lui connaissait que trop peu.

Il céda ensuite sa place aux autres et leur lança les billes opposées à leur élément, une lueur de vengeance dans les yeux. Il avait été tenté de récupérer sa baguette pour envoyer les billes avec plus de précisions, mais s’abstint. Après tout, c’était un bon entraînement. Il manqua finalement peu sa cible, du moins, quand les billes éclataient.

Quant tout le monde fut passé, Tony se porta volontaire pour un deuxième round. Les éléments aléatoires n’avaient qu’à bien se tenir. Il était entouré d’éléments, dont les restes des billes du tour précédent, ce qui ajoutait une difficulté supplémentaire.
Il se plaça à nouveau face aux quatre sorcières et subit un nouvel assaut.

Le français était plus que concentré, il fixait les billes qui lui arrivait et arrivait presque à sentir leur charge. Il avait raison pour la plupart de billes mais n’avait généralement pas le temps de les contrer de la manière la plus appropriée. Aussi, il se retrouva rapidement tacheté de bleu, vert et rouge. En revanche, les billes de Terre se détachaient nettement mieux dans l’esprit de Tony qui pouvait presque les deviner avant qu’elle ne s’envolent, ce qui n‘avait rien de vraiment étonnant. Il n’avait en tout et pour tout qu’une seule tache noire dans le dos, lancée par Bergamote qui avait prit en traître son humain. Humain qui s’était vengé en détournant l’une des billes qui lui fonçait dessus pour la diriger droit sur l’écureuil qui trottinait désormais avec un gros point vert sur le dos.

Ereinté mais content, Anthony laissa la place à ses camarades, prêt à envoyer de la bille à tout va !

Asa était en effet contente de passer à la pratique. L’histoire du tatouage d’Anthony l’intrigua néanmoins et elle se promit de lui en parler à l’occasion. Elle avait elle-même un ou deux tatouages, par-ci, par-là, mais n’avait encore jamais été jusqu’à se faire un tatouage magique, elle avait déjà bien assez de mal pour le moment à gérer sa magie à elle sans en rajouter avec un tatouage (et puis de toute façon elle n’avait plus voulu de tatouage après ses seize ans, âge auquel elle avait fait le dernier… bref, longue histoire). Elle sortit du pub sans un regard pour Aina et alla enfiler son sac à patates comme tout le monde, en se disant qu’elle était plutôt contente de n’avoir jamais fréquenté d’école à uniforme, gosh elle aurait vraiment détesté ça ! Déjà porter un uniforme sportif ça la gonflait !

Elle revint sur terre après que Morth l’ait silencieusement rappelée à l’ordre (enfin pas si silencieusement, d’un couinement discret en fait mais il n’y avait sûrement qu’Asa pour l’avoir entendu) et écouta ce que Rozen leur racontait. Elle fut plutôt contente de ne pas être la première à passer mais ça n’aurait pas été une catastrophe non plus, Asa aimait ce genre d’exercices, ça défoulait, ça faisait utiliser vos forces, un peu comme du sport… Asa aimait le sport, et pas seulement celui de chambre malgré certaines rumeurs, elle réalisa que ça faisait un moment qu’elle n’avait pas couru autour du Loch, mais chassa cette idée pour le moment, ça n’avait aucun rapport.

Tandis que le pauvre Anthony allait à la place du supplicié, Asa sortit un chouchou d’une de ses poches et attacha sa lourde crinière. En réalité, les cheveux étaient à peine maintenus, ils étaient trop sauvages pour ça, mais ça lui permettrait de mieux viser. Elle confia sa baguette à Morth, qui la garda à quelques pas de là, et commença à bombarder Anthony, mais à la main. Elle avait pas mal de problèmes avec le feu en ce moment et ne se sentait pas apte à lancer des billes d’air grâce à un sort, elle préférait éviter la catastrophe (il aurait été si dommage de brûler les jolis cheveux d’Aina !).

Quand Anthony laissa sa place, Asa alla le remplacer. Après tout, ils étaient tous les deux spécialistes, c’était plutôt logiques qu’ils passent en premier. Elle se concentra mais n’eut aucun problème à mobiliser le feu qui était en elle. Il avait beau être instable ces derniers temps, enfin plus que d’habitude depuis l’accident, il était tellement présent en elle, tellement naturel, que se concentrer dessus était presque aussi simple que de respirer.

Elle n’eut aucun mal à contrer les billes eau. Elle savait utiliser son élément, surtout pour ce genre d’exercices et elle aurait même pu garder les yeux fermés pour le faire. Du moins sur la première partie, parce que très vite les autres participants lui envoyèrent les billes d’eau beaucoup plus rapidement, à un rythme que même l’Amazone avait du mal à suivre. A peine avait-elle renvoyé une bille qu’une autre lui était lancée. Elle fut touchée plusieurs fois, et jurerais par la suite à Morth que c’était parce que certaines personnes avaient triché en lui en lançant deux en même temps, mais c’était de la mauvaise foi, elle pensait que c’était vrai mais n’en était pas tout à fait certaine, ou du moins pas pour toutes les billes qu’elle avait loupées.

Très vite, elle avait tombé le pull. Elle l’avait lancé avec un clin d’œil à Anthony (qui était en fait la personne la plus proche à ce moment là) et s’était donc retrouvée dans le froid, juste après que de la neige soit tombée, en simple débardeur noir sous son sac à patates. Elle n’était pas frileuse, ne l’avait jamais été, et l’était encore moins quand elle utilisait son élément dominant. Quand elle sortit enfin de l’arène, elle avait un sourire terriblement carnassier et une sorte de lueur qui n’avait pas l’air tout à fait honnête dans le regard (et, pour quelqu’un qui la connaissait bien, ou qui était très observateur, les yeux un peu trop bruns, comme si on y avait ajouté une touche de rouge). Elle semblait irradier d’une énergie électrisante.

Elle balança ensuite les petites billes sur les autres, et quand on passa au lançage au hasard, elle s’amusa beaucoup, même si elle ne revint pas à ce moment là dans l’arène. Si on lui avait demandé pourquoi, si ses camarades l’avaient fait, elle aurait répondu qu’elle n’avait pas envie de recommencer l’expérience, en réalité, et si Rozen le lui avait demandé elle le lui aurait dit, c’était parce qu’elle n’était pas sûre que sa magie ne paniquerait pas et de ne pas entrée en combustion ou quelque chose comme ça… Bon, c’était un peu dramatiser les choses, elle se débrouillait très bien d’une manière générale, mais elle ne voulait pas risquer de blesser qui que ce soit,elle se contenta donc du premier exercice, et de lancer des billes, qui quand elles n’étaient pas repoussées, touchaient toujours l’adversaire sur le haut du torse. Elle savait viser…

Etonnamment, Aina n'était pas pressée de commencer la pratique. Non... Ca vous étonne? Déjà, se revêtir d'un sac patate, c'était limite pour la blonde incendiaire. Mais en plus, devoir se mettre sous le feu nourri de ses camarades, très peu pour elle. D'autant qu'elle était persuadée qu'ils allaient se liguer contre elle. Vu comment c'était passé le début du cours, la demoiselle aurait très largement préféré s'esquiver. Pourtant, elle n'en fit rien, se contentant d'enfiler la toile de jute d'un air pincé. 

*Vivement que ça se termine...* songea-t-elle en regardant en direction de l'écurie.

Elle s'étonnait que Riom ne soit pas revenu, encore. Mais peut-être avait-il préféré rester à l'écart le temps que tout ça se termine? Elle le comprenait, en même temps. Il avait bien raison. Elle laissa passer devant elle Anthony et Asa, leur lançant quelques billes opposées à leur élément. Etonnemment, ce n'étaient pas ses lancers les plus fournis. Sans doute espérait-elle qu'ils ne se vengeraient pas sur elle après? Enfin bref. Quoiqu'en pense Asa, ce n'était pas la plus zélée. Son tour arriva ensuite, se mettre sous les 'feux de la rampe', ou plutôt, sous le tir nourri de Jane, Asa et Anthony. D'ailleurs, elle surveillait plus particulièrement les tirs d'Asa. Bien qu'Aina ait apprécié la jeune femme à leur première rencontre, quelque chose était mal passé, là, qui la poussait à se méfier. Elle parvint à détourner une grande partie des billes d'eau lancées. Pas toutes, cependant, vu qu'ils semblaient, tous, prendre un malin plaisir à les lancer en même temps, ce qui n'aidait pas à les éviter. Finalement, elle sortit de l'arène pour laisser la place à Jane pour le premier exercice, se demandant encore si elle participerait au deuxième.

Elle hésita longuement. Mais, devant le refus d'Asa d'y retourner, elle se décida à le faire et commença par se concentrer avant de retourner au milieu. La main tendue, la jeune femme s'absorba dans une sorte de transe plus ou moins contemplative qui lui permit, à défaut de tout repérer, de détecter au moins les billes de feu qu'elle put ainsi éviter avec aisance. Pour les autres, elle parvenait, à peu près, à renvoyer les billes d'eau (une sur trois à peu près), mais les autres, principalement celles d'air semblaient irrésistiblement attirées par la poitrine de la jeune femme. Enfin, l'exercice prit fin. Elle rouvrit les yeux et regarda ses camarades. Des billes qu'ele avait renvoyées, certaines étaient retournées à l'envoyeur ou sur l'un des autres participants. Mais la plupart, celles d'eau, avait éclaté sous le feu qu'avait utilisé la jeune femme pour les repousser et se protéger. Bah... Qu'importait après tout? Elle était repeinte comme les autres... Et, finalement, ça lui avait fait plutôt du bien, cet exercice...

[j'espère que le post sera ok]

Enfin de la pratique, Jane demeurait heureuse de pouvoir s'exercer sur son instinct magique. Elle suivit joyeusement toute la petite troupe qui sortait du pub de sa chère cousine. Elle fit comme les autres en enfilant sa toile de jute, cela lui posait aucun problème. Elle se fichait pas mal de ce qu'elle pouvait porter pourvu qu'elle se sente bien dedans.

La jeune femme était ravie de pouvoir lancer des billes élémentaires sur ses camarades. Elle trouvait dans cette activité quelque chose de jouissif, d'exaltant. Lorsque ces trois camarades passèrent, l'Anglaise entra dans l'arène. Son regard saphir fixait devant elle, tous ses sens demeuraient en éveil. Elle n'avait plus ressenti cette sensation depuis bien longtemps, une énergie bouillonnait en elle.

L'Anglaise s'imagina être un nuage se concentrant ainsi sur sa dominance air. Elle n'avait pas fait encore de test pour être sûre, mais elle était certaine d'être de dominance air. Après quelques secondes, elle se sentait aussi légère qu'une plume. Malheureusement l'exercice ne s'avérait pas aussi simple que cela, il manquait les attaques des billes. Les quatre sorciers commencèrent à jeter des billes élémentaires terre.

Jane arrivait assez bien à contrer les billes terre. Elle s'était rendu compte que plus elle s'imaginait être un nuage, plus elle ressentait les projectiles élémentaires terre arrivée sur elle. Tellement, elle était ravie qu'elle se déconcentrait et reçut en pleine poitrine le lancer de Rozen. Elle lui jeta un regard frustré et réessaya le plus vite possible de reconcentrer. Elle s'imagina cette fois-ci être une bulle de savon, elle ressentit de suite cette énergie bouillonnait en elle. Elle réussit de nouveau à contrer les billes. Après quelques minutes, les attaques cessèrent ce qui ne déplut pas trop à la jeune femme qui pouvait enfin respirer un bon coup. Elle était assez fière de sa prestation.

Après Anthony et Aina, elle voulut aussi participer au deuxième round qui s'avérait plus difficile que le premier. Lorsqu'elle se retrouva de nouveau en face de ces quatre assaillants, elle se reconcentra sur son élément. Malheureusement pour elle, elle n'avait pas choisi la bonne tactique pour cet exercice si difficile. Comme la prem¨ère fois, elle arrivait à contrer les billes terre, quant aux billes air elle arrivait aussi à les contrer assez facilement. Ces deux genres de billes, elle ressentait assez bien. Par contre les billes feu et eau, elle n'arrivait pas du tout à les distinguer. De ce fait, sa toile de jute demeurait colorée de vert et de rouge.

Lorsque tout se termina, un sourire colgate se vissa à son visage repeint. Malgré qu'elle se soit faite touchée, elle était assez fière d'elle. Elle avait atteint son objectif d'éviter quelques billes, ce qu'elle avait fait. Melwin, quant à lui, riait bien du sort de sa moitié. Jane rejoint fièrement ses camarades qui l'avaient joyeusement bombardé.

"Allez... je crois que vous avez bien mérité de vous venger, maintenant !" fit Rozen lorsque Jane, la dernière participante, eut quitté le centre du cercle des hostilités.

Revêtant elle-même une toile de jute guère moins seyante que ses accoutrements habituels, la prof rejoignit le coeur de l'arène, et se laissa bien volontiers bombarder ; le cours l'avait mise de bonne humeur, ce qui l'handicapa très légèrement au début du premier exercice : elle avait plus de difficultés à sentir les premières billes d'air que ses stagiaires e firent une joie de lui envoyer. Mais elle révéla rapidement, après quelques taches colorées, une certaine maîtrise de l'exercice. Elle n'évitait pas toutes les billes, mais cela semblait dû à une certaine inattention plus qu'à autre chose : Rozen n'était pas là pour impressionner ses élèves mais... pour s'amuser, très clairement.

Et c'est encore avec enthousiasme qu'elle proposa de passer au second exercice où, pour le coup, elle se révéla nettement plus douée que ses élèves ; comme quoi, conclut-elle lorsque la salve fut terminée, et que toutes les billes eurent été employées, c'était beaucoup une question d'habitude. Elle essuya d'un revers de manche la sueur tachée de bleu qui s'était collée à son front. Sans penser à quitter sa toile de jute, elle invita les élèves à retourner au pub, boire quelque chose pour se remettre de leurs émotions.

La fin du cours prit donc des allures assez joyeuses et détendues... du moins, du point de vue de Rozen, qui navait guère fait attention aux éventuelles tensions provoquées, entre autres, par un certain cheval dans un certain lieu (situation pourtant vouée à faire du bruit, par la suite, sur la Lande). Les stagiaires comparèrent leurs expériences, certains, dont Rozen, se félicitèrent de telle ou telle esquive dont ils avaient été particulièrement fier(e)s.

Enfin, ce fut l'heure du départ ; Rozen leur claqua des bises, particulièrement à ses petits spécialistes chéris (et plus particulièrement à son spécialiste mâle) ; elle déclara à tous que, s'ils avaient encore envie de jouer au paintball élémentaire, elle demeurait à leur entière disposition.

[Merci à tous de votre participation !]