[MP] Cours III : Massage Magique

Arieh entra dans la salle en compagnie de Charlie. Ils s’étaient croisés au réfectoire où toute la classe de Sywhaîd prenait un goûter après une après-midi passée à faire un jeu de piste dans la Lande, exercice pédagogique pour leur apprendre à utiliser une carte et une boussole. Vu leur air exténué mais ravi, les enfants avaient apprécié. Gérant et institutrice s’étaient mis à discuter et Arieh l’avait informée qu’il se rendait plus tard à un cours sur les techniques de massage magique donné par Emily. Le visage de Charlie s’était aussitôt éclairé, encore plus que d’habitude et, posant une main sur ses reins, elle avait affirmé qu’elle se joindrait bien volontiers à lui, que ça ne pourrait pas leur faire de mal. Après avoir renvoyé les enfants à leurs pénates et rangé le bazar qui régnait encore derrière eux, Arieh et Charlie se dirigèrent donc ensemble vers le foyer.

Charlie, qu’Arieh avait galamment laissé passer, entra la première, salua Emily et se laissa ensuite tomber sur un des fauteuils en lâchant un soupir épuisé que ne contredisait pas sa coupe désordonnée (un chignon vaguement retenu par un crayon) et sa tenue chiffonnée et boueuse (le jeu de piste passait par les marais). Elle ôta son pull, révélant un chemisier blanc, propre mais froissé et un peu trop transparent pour le soutien-gorge jaune qu’elle portait en-dessous. Arieh embrassa sa douce avant de s’installer à côté d’elle sur le canapé. Quand Buzz entra, il fut également salué chaleureusement, par Arieh qui ignorait son aventure passagère avec Emily et par Charlie qui avait eu l’occasion d’emmener sa classe en visite pédagogique sur l’apiculteur. Visite à l’issue de laquelle ils avaient chacun préparé leur petit pot de miel, plus ou moins réussi.

Ni l’un ni l’autre ne s’y connaissaient beaucoup en massage même si Arieh évoqua les massages thaïlandais avec une grimace de douleur et que Charlie crut se souvenir qu’il existait des massages californiens, même si elle n’avait aucune idée de ses particularités. Ils se tournèrent donc vers Buzz, attendant sa contribution, pressé l’un comme l’autre, mais pour différentes raisons, de passer à la pratique.

Tout s'annonçait donc sous les meilleurs auspices. Buzz ne prit que le temps d'examiner d'un coup d'œil vif et appréciateur le matériel mis à leur disposition. Il avait hâte de commencer mais, en gentleman, tâcha de modérer son enthousiasme juste ce qu'il fallait pour ne pas embarrasser Charlie - puisque c'était cette dernière qui, bien évidemment, serait sa partenaire. Sitôt Arieh et Emily occupés à régler leurs propres détails à voix basse, Buzz se tourna vers la jolie institutrice pour lui proposer de prendre place sur un tapis ou une table de massage, selon sa préférence. Pour le plus grand plaisir de l'apiculteur, elle se défit de son chemisier, dévoilant un soutien-gorge... jaune. Un petit vêtement tout à fait ravissant, tout à fait mignon, rehaussé d'un peu de dentelle blanche. Elle s'allongea sur le tapis, gracieusement, dissimulant certes les jolis balconnets, mais offrant à l'apiculteur le loisir d'admirer sans crainte de la froisser la non moins exquise cambrure de son dos.

Ce faisant, il se dirigea vers les flacons d'huiles essentielles, tâchant de deviner ce qui serait le plus agréable à quelqu'un comme Charlie. Bien sûr, il aurait été plus simple de demander directement à l'intéresser ce qu'il en était, mais cela rendait l'exercice beaucoup moins amusant ; adieu l'effet de surprise et le mérite. Et puis, toute fausse modestie mise à part, il était généralement plutôt doué à ce genre de jeu. S'il avait, encore aujourd'hui, un large succès auprès des femmes, c'était parce qu'il savait être à leur écoute et anticiper leurs attentes, à tous points de vue. Par exemple, une jeune fille comme Charlie avait quelque chose de classique et doux, légèrement sucré, mais subtil ; s'il avait dû lui attribuer une couleur, elle aurait été chaude et pastel. Il aurait aimé frictionner ses épaules d'essence de mandarinier ; à défaut, la fleur d'oranger ferait parfaitement l'affaire.

L'apiculteur s'agenouilla auprès de la jeune femme, sans lui laisser le temps de s'impatienter. Il était heureux qu'elle ait choisi de procéder à même le sol, ce qui l'obligeait à se pencher presque sur elle. Il déboucha le minuscule flacon, en huma le contenu, déposa soigneusement deux gouttes sur le bout de ses doigts - ce serait amplement suffisant. Quant aux minutes qui suivirent, il est probablement inutile de s'étendre sur leur contenu, entièrement dévolu au plaisir de Charlie ce qui, fort heureusement, était loin d'être incompatible avec celui de Buzz. On lui avait dit d'y aller au feeling, il ne se faisait pas prier, pétrissant d'une main ferme les muscles de sa partenaire pour en chasser les tensions. Il n'était sans doute pas un vrai masseur professionnel, mais il compensait l'absence de technique par l'envie sincère de bien faire, couplé à... une bonne connaissance de l'anatomie féminine. Buzz ne ménageait pas sa peine, et ne se releva qu'au bout d'une vingtaine de minutes, au point où le massage aurait risqué de se prolonger au-delà du tout public. Il laissa à Charlie le temps de se relever à son rythme, coupa court à ses remerciements.

"C'était un plaisir ; vraiment."