Teenage Kicks

David, en plein soleil, plissait les yeux vers le ciel limpide. Il revenait tout juste d’une corvée de cueillette qui l’avait méchamment gonflé, et repartait vers sa chambre. Sale, couvert de terre, fatigué et de mauvaise humeur. Génial. David détestait travailler quand ce n’était pas pour lui-même. Y avait-il dans ce coin une seule personne, à part Claude, qui méritât qu’il lui cueille des fruits ? Ne cherchez pas, non, pas une seule.
Renfrogné, donc, David longeait le chemin qui allait de la serre à l’école en pestant intérieurement contre la terre qui lui grattait le dos, et le soleil qui était trop chaud vu qu’il était midi, et… bref, il protestait. Pas une seule distraction en vue, Claude étant occupé dans la Forêt. Allez savoir, ils avaient passé toute une semaine sans se quitter, heureux comme des enfants et la douleur presque épargnée, et soudainement Claude décrétait qu’il allait se balader dans la forêt pour essayer de retrouver une putain d’araignée philosophe à qui il devait parler religion. C’était normal ça peut-être ?
David était rarement d’une telle humeur massacrante. Il était souvent désagréable oui, mais par jeu et sans vraiment y toucher. Aujourd’hui, il avait des envies de cruauté histoire de passer ses nerfs, de la méchanceté gratuite et sincère qui lui ferait penser à autre chose qu’à sa frustration sans cause. Il fulminait entre ses dents des insultes à tout le monde, et enleva son t-shirt avec brutalité pour le secouer. Alors que sa tête émergeait du col une fois qu’il l’eut remis, David aperçut une jeune femme qui marchait vers lui. De loin, il ne la reconnaissait pas, à part qu’elle était blonde.
Malgré son humeur et tout le reste, David se redressa et se composa une expression agréable et séduisante. Approchante, la fille lui était inconnue, ce qui poussa David à vouloir se la mettre dans la poche. Sait-on jamais ! Il transforma son petit air plaisant en un véritable sourire éblouissant.

« Salut. »

D’une voix calme et posée, en passant comme s’il s’en foutait total. En vérité, il n’aurait pas été contre une petite conversation. Histoire de s’occuper, et qu’il décide entre méchanceté gratuite ou petit jeu de manipulation, la demoiselle avait l’air intéressante. Il la regarda bien en face et retint à grand peine un froncement de sourcil. Elle avait quand même un air louche dans le regard, la demoiselle.

[réservé!]
EDIT : seigneur mon topic s'est mis en réservé tout seul

[Ouais, c’est automatique, au contraire des antibiotiques XD]


Juliet leva un regard surpris et un peu perdu vers David, comme une biche prise dans les phares d’un camion. Ca ne dura pas longtemps, quelques fractions de secondes seulement, histoire de donner l’impression qu’elle était réellement surprise et un peu perdue, mais qu’elle se maîtrisait. Alors qu’en fait elle n’était rien de tout ça. Elle avait vu David, dès qu’elle était apparue au coin du chemin, et l’avait même vaguement regardé finir d’enfiler son t-shirt tout en se demandant si elle allait l’esquiver ou pas. Il faut savoir que Juliet était de particulièrement mauvaise humeur ce jour-là. Alors qu’elle était avec Jeremy, quelques minutes plus tôt, elle avait senti qu’ils étaient proches de s’embrasser, mais cette crétine de Ronnie avait débarqué pour une part de tarte. Fini le moment parfait. En plus, Juliet était moins douée pour manipuler les nanas, et la connasse de jeune maman parfaite avait l’air plutôt futée, du coup elle avait été obligée de s’esquiver histoire de ne pas risquer que l’autre comprenne son petit jeu. Elle risquait de prévenir Jeremy et de tout gâcher.

Enfin bref, elle était de mauvaise humeur. Ca faisait à peu près trois semaines que Jeremy et elle tournaient autour du premier baiser, et ça la gonflait. Bien sûr, sa technique était de laisser filer le temps, d’être d’abord une bonne amie, et que ça les prenne tous les deux par surprise. Sauf que la surprise tardait et ça voulait dire que Jeremy risquait d’y réfléchir. Et il ne fallait pas qu’il pense, pas trop. Pas avant qu’elle l’ait mis totalement dans sa poche. Merde ! Du coup, ça n’était pas de la colère, mais de la rage qui bouillonnait en elle. Assez de rage pour la pousser à se défouler sur à peu près n’importe qui, et à se dire qu’elle pouvait bien se défouler sur l’autre débile d’empereur, là.

Du coup voilà, elle avait joué la petite jeune fille innocente qui cache sa peur du mâle. La fille blessée que tout le monde imaginait qu’elle était. Et elle profitait de cette image, bien sûr. Ca aidait à des tas de niveaux. Déjà, on lui posait assez peu de questions, ce qui lui évitait de se fourvoyer avec des mensonges mal ficelés. C’était toujours plus facile quand on partait sur une bonne image. Surtout quand on était la femme blessée, fragile, la douce Juliet. Elle sourit à David, doucement, comme pour s’excuser de son mouvement rapide de peur. Puis elle lui répondit d’une voix un peu timide, mais pas trop, elle n’avait jamais voulu passer pour une bécasse.

« Salut. »

Elle ajouta même un petit sourire hésitant. Ouh elle se surpassait. Quoi que, de fait, elle avait toujours quelque chose d’étrange dans le regard. Quelque chose que certaines personnes prenaient pour une blessure, profonde. Et pas forcément à tort. Il n’y avait que quelqu’un qui avait été détruit qui pouvait avoir quelque chose comme ça au fond du regard. Mais certaines personnes avaient froid dans le dos quand elles regardaient le regard de Juliet de trop près. Elles pressentaient la rage qui la dévorait, le venin qui la rongeait de l’intérieur. La plupart préféraient tout de même oublier cette mauvaise impression, c’était trop dérangeant. Souvent les gens qui avaient un mauvais a priori sur Juliet, un bon instinct à son sujet, devenaient ceux qui l’appréciaient le plus, parce que c’était plus simple, moins dangereux.

« David, c’est ça ? » demanda-t-elle doucement, un petit sourire sympathique collé sur son visage de poupée.

Elle portait un short en jean assez court, des converses (enfin, imitations) et un débardeur jaune avec des motifs noirs et un cordon sur le côté. Le débardeur laissait voir son ventre légèrement rebondi (elle n’était pas grosse mais était loin d’être maigre, elle avait des formes). C’était joli et ça aurait sûrement été provocant si Juliet n’avait pas attachés ses cheveux blonds en deux petites couettes adorables, et eu l’air aussi innocent.

A l’intérieur, elle jubilait. Ca faisait un moment qu’elle avait bien envie de tâter de l’Empereur. On lui avait parlé de Tibère, et Juliet avait toujours eu un côté fasciné par la violence, une fascination malsaine, d’autant plus qu’elle en faisait les frais en général, mais du coup elle avait presque regretté d’être arrivée après qu’il ait été banni. Il devait être intéressant à fréquenter. Et ses deux collègues devaient au moins être un peu plus rugueux que Mister Jeremy-the-white-Knight.

David ralentit le pas et s’arrêta, presque malgré lui. Il avait été surpris par la réaction de la jeune femme, et son petit air poupin comme si elle… comme si elle était fragile comme une enfant. Une enfant blessée. A voir son regard il ne s’était pas attendu à ça. D’ailleurs à bien la regarder, David se sentait un peu mal à l’aise. Il y avait un truc, entre son sourire et son regard… un truc pas tellement net, et David était doué pour reconnaître les trucs pas nets. L’expérience.
Mais la grande faiblesse de David, qui faisait aussi sa force en le rendant presque intouchable, c’était l’orgueil. Quoi, cette fille blonde à l’air innocent comme une gosse ? Il n’allait tout de même pas se mettre à flipper à cause d’un certain reste de rage folle dans les yeux… Un regard à la Tibère. Bon Dieu, il délirait.

« Ouais, David. Et toi ? T’es pas la sœur de Marybeth ? »

Il fallait qu’il sache qui elle était. David se pencha très légèrement, l’air curieux, et sonda le visage de Juliet. Il souriait d’un air vertueux et innocent, mais ses yeux scrutateurs fouillaient le visage de la jeune femme avec un sérieux qui n’était pas joué.
Maintenant qu’il était bien face à Juliet, et qu’il prenait ses aises et son assurance, David se dit qu’il avait rêvé. Cette fille n’avait pas l’air de pouvoir faire du mal, tout au plus une ruade d’animal traqué, parce qu’il reconnaissait qu’elle avait souffert. Comme il connaissait bien ce genre de regard !

« Si c’est elle qui t’a dit mon nom, tu dois avoir une image déplorable de moi. »

Détendu, il renversa la tête en arrière pour rire et eut un sourire charmant de toute sa bouche. Si en effet, c’était Marybeth qui lui avait parlé de lui, il devait vite rectifier le tir. Ce genre de petite fille sage et flippée des mecs comme avait l’air d’être Juliet, ça n’apportait que des problèmes à des gars comme lui. Elles se méfiaient, et elles colportaient leur méfiance. David devait lui plaire, et puis de toute façon, il se devait de plaire à tout le monde. Tous les berner. Même cette petite femme qui devait être au moins aussi correcte et ennuyeuse que sa sœur, dont le seul mérite était d’avoir menacé Tibère de mort.

Juliet avait l’avantage. David ne la connaissait pas, pas du tout. Il était au même niveau que n’importe qui, prêt à se faire avoir. Alors que Juliet avait été prévenue pour David. Ou du moins, elle avait été assez prévenue sur les empereurs, avait entendu assez sur leur compte pour savoir à quoi s’attendre. Ou du moins pour se méfier. Assez pour avoir l’avantage, donc. Elle hocha doucement la tête, en souriant doucement, d’un air un peu timide encore, et répondit :

« Oui, je suis Juliet. »

Elle sembla hésiter quelques fractions de seconde, avant de tendre sa main. Une hésitation qui semblait due à la timidité, pas à ce qu’elle pouvait penser de ce qu’elle savait de David. D’ailleurs, quand il ajouta la phrase suivante, elle hésita un instant. Qu’est-ce qui serait le plus drôle ? Faire comme si elle ne savait rien ? Jouer à la naïve ? Ou alors faire celle qui avait peur ? Le plus logique était que Mary lui ait parlé des Empereurs, de fait. En réalité elle ne l’avait pas fait, vu qu’elles ne se parlaient pas, mais c’était plus logique. Elle décida donc qu’elle devait avoir l’air un peu inquiet. Elle fronça les sourcils, comme si elle cherchait à se rappeler ce que sa sœur avait pu lui dire sur l’italien, avant de dire, sur un ton hésitant :

« Oh. Un des… euh… Empereurs ? »

Bon c’était un bon équilibre. En disant ça comme ça, on aurait dit qu’elle avait juste entendu quelques petits trucs, rien de bien grave. De toute façon, Mary n’était pas du genre à baver sur les gens, malgré ce qu’avait l’air de penser le beau brun. Elle était plutôt du genre à dire aux gens de se méfier, mais sans s’étaler. Et puis, Juliet n’avait aucune idée du lien que Marybeth avait avec les empereurs. Si on lui avait dit qu’elle avait menacé Tibère de mort, Juliet aurait été plutôt amusée. Elle savait depuis longtemps que Marybeth avait un caractère beaucoup plus mauvais que ce qu’on pouvait en penser, et n’aurait pas été surprise. Peut-être un peu fière de sa petite-sœur. Après tout, c’était elle la folle psychotique, normalement, non ?

David était un grand manipulateur. Observateur, de ce fait, et maniaque. Il se retint à grand peine de froncer les sourcils en continuant de côtoyer Juliet. Elle avait cette façon de… d’agir, de réagir… qui lui semblait viciée. C’était presque naturel, exécuté à la perfection, mais David n’aimait pas le « presque ». Il avait des sursauts de méfiance à côté d’elle, mais si ténus et irrationnels qu’il devait s’y accrocher pour ne pas immédiatement revenir sur son impression.

« Un des empereurs, ouais. Le moins fêlé, si ça peut te… rassurer. »

Il avait glissé le dernier mot avec à peine un soupçon d’ironie, mais si réellement elle jouait, Juliet le percevrait. Décidément, il devenait paranoïaque. Une blonde à l’air gamine et effarouchée, quoi ? mais cette lueur…
Il n’y avait qu’ici qu’il rencontrait des personnes à lui sembler si dangereuses. C’était diffèrent à Rome, d’abord parce qu’il était plus sûr de lui, ensuite parce qu’il est facile de mépriser les foules des villes. David fixa un regard insistant droit dans celui de Juliet, et réfléchit. Puis enfin, il parla lentement sans la quitter des yeux, mais pour dire une banalité :

« Alors, t’es venue retrouver ta petite famille ? C’est sympa hein, ici. Champêtre. »

Même ça, il l’avait dit d’une voix neutre, extérieur à ses propos. Mais il essayait d’engager la conversation, intrigué malgré tout par cette femme. Il voulait voir un peu qui elle était en réalité et s’il avait raison de se méfier. Si non, si il n’en avait aucune raison, ça lui ficherait tout de même un coup à l’orgueil, mais parfois il fallait consentir à descendre de son piédestal pour examiner autour de soi. Voilà par quelles pensées David se justifiait de se méfier d’une femme blonde à l’air presque inoffensif, lui qui n’avait peur de personne.
Faut dire que ça rajoutait du suspens ce genre de choses. David eut un sourire carnassier qu’il ne chercha pas à cacher. Dans tous les cas, il voulait au hasard lui montrer qu’il n’était pas exactement ce qu’il montrait. Pas trop, en restant prudent et discret, mais il lui était insupportable de ne pas savoir à quoi s’en tenir. Autant tester et voir s’il obtenait une réaction allant dans son sens.

[Désolée du retard, pas mal de problèmes accumulés ces derniers temps !]

Les grands yeux limite globuleux de Juliet fixèrent David avec un air déstabilisé. Se fichait-il d’elle ? Il avait rit d’une façon tellement étrange, après ces paroles qui auraient dû être si anodines… Tout ça, c’était ce que son attitude disait. Mais évidemment, la vraie Juliet, celle qui était à l’intérieur et qui perturbait tant l’italien, ne pensait rien de tout ça. Elle observait, cachée derrière son masque, et analysait tout ce qu’elle voyait. Si Juliet avait été sincère, si elle ne s’était pas dissimulée, elle aurait sourit d’un air mauvais, et aurait dit à David de passer son chemin, qu’il ne l’intéressait pas asez pour qu’elle gâche le peu de temps libre qu’elle avait dans ce putain de bled boueux. Mais une partie d’elle était heureuse de dissimuler, parce qu’il y avait en fait quelque chose qui l’intéressait chez David.

Il était manipulateur. Il jouait, elle pouvait le voir. Et c’était dangereux de jouer devant un joueur. Elle sentait qu’il pouvait voir chaque petite erreur qu’elle faisait, chaque petite craquelure dans son masque. Elle savait jouer, elle jouait même de mieux en mieux, Sywhaîd lui apprenait à être plus subtile, parce que les gens ici étaient intelligents, ils n’étaient pas facilement dupes. Mais jusqu’à présent, elle avait évité toute personne susceptible de voir à travers son masque. Elle n’avait vu les membres du rad que durant les cours (et avait déjà fait très attention, ils étaient tous trop intelligents pour jouer face à face avec eux), et avait petit à petit appris à éviter certaines personnes. Celles qui jouaient (Veronica…), celles qui avaient des choses à cacher (trop dur de mentir à un parano) (Nicholas…)… Bref, elle évitait de se mettre en danger, elle la jouait safe. Mais David lui donnait envie de jouer avec le feu, et intérieurement elle jubilait.

« Ils m’avaient dit que c’était campagnard. » répondit-elle après un hochement de tête faussement hésitant. « Mais je trouve ça plus intéressant que ce que leurs descriptions ne me l’avaient fait imaginer. Les gens, surtout, sont moins faciles à… comprendre. »

Elle leva un regard faussement hésitant, suivi d’un sourire timide. Seulement, elle planta le regard en question dans celui de David, avec quelque chose de légèrement insolent. Ce fut bref, parce qu’elle n’était pas suicidaire, et que jouer était bien plus drôle que de se dévoiler. Mais il y avait eu quelque chose de pas cohérent dans sa façon d’illustrer ses paroles au niveau des expressions. Le masque s’était légèrement défait, quelques fractions de secondes, mais ça aussi ça avait été maîtrisé. Parce que c’était bien plus drôle d’attiser les doutes de David que de les faire passer à la trappe. Il n’y aurait plus de jeu s’il décidait qu’il était parano.

David ouvrait grand les yeux et les oreilles et il s’amusait beaucoup. D’accord, il avait vu juste. Est-ce qu’une fille réellement timide l’aurait regardé avec cette insolence, droit dans les yeux ? Il savait par expérience qu’il était bien le genre de gars à mettre mal à l’aise les gens timides, parce qu’il était sûr de lui. Surtout une fille… Alors, il ne se trompait pas, et même si il se fondait sur un truc aussi léger et furtif qu’un regard, il en était sûr. Cette fille jouait. Pourquoi ? Et qui était-elle ?
Si ça se trouve, c’était juste parce que ça l’amusait. Ou alors elle était comme lui, bourrée de mépris et d’aigreur mais décidée à le cacher. Sauf que son jeu à elle allait plus loin que lui, inquiétant de justesse, inquiétant parce que David se demandait qui était face à lui et si elle était dangereuse.
Il eut un sourire goguenard qui signifiait : « Attention petite, je t’ai vue… » mais ça n’alla pas plus loin. Oh oui, c’était plus drôle de jouer.

« T’as raison… Ce sont tous des réprouvés, ou des gens qui se cachent, ou qui n’ont plus rien à perdre. Ils sont intéressants, n’est-ce pas ? »

C’était une question-piège, en quelque sorte. Intéressants ? Pour une manipulatrice en puissance, oui. Pour la fille timide et douce que Juliet jouait, pas tellement.
David sortit une cigarette de sa poche et l’alluma lentement. Il regardait la blonde avec insistance, toujours l’air de rire un peu sous cape comme s’il préparait une mauvaise blague. En vérité, il réfléchissait. Qu’allait-il faire ? Lui montrer qu’il avait percé son petit jeu ? Enfin, il n’en savait pas encore assez pour ça… Lui faire croire qu’il n’avait rien remarqué et garder ça pour plus tard ? Continuer à faire comme s’il n’avait pas vu qu’elle semblait dangereuse et louche.
Pas marrant.
Donc, David se pencha un peu vers Juliet sans détourner le regard et tira lentement sur sa cigarette. On aurait dit qu’il essayait de voir une faille bien cachée.

« Moi en tout cas, je les trouve tous bizarres. Qui irait s’enfermer ici en pleine force de l’âge, sauf des gens comme nous ? »

Il prenait un risque à être si direct. Oh, ça pouvait facilement passer pour une maladresse, il pouvait avoir dit « nous » comme en parlant distraitement de lui et de ses amis. Et puis, qu’est-ce que ça voulait dire, « des gens comme nous » ? Rien de bien précis. Des gens louches, étranges, en fuite ou en perdition. De son point de vue, Juliet était plutôt coincée : entre avouer qu’elle était comme lui, ou expliquer pourquoi elle était là, ou esquiver en se montrant, donc, suspecte… Ouh, il adorait ça.